
Paris, le jeudi 25 février 2021 - A la faveur de l’épidémie de
Covid-19, les théories conspirationnistes, les stages survivalistes
et autres pseudo-thérapies ont connu un regain de vigueur
inquiétant. C’est le constat dressé par la Mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives
sectaires (Miviludes) dans son rapport dévoilé le mercredi 24
février.
Plus de 140.000 victimes en France
« Les sectes aujourd’hui, ça n’est plus ou plus seulement
l’Église de scientologie ou le Temple solaire, mais beaucoup de
petits groupes. On en dénombre 500 en France », explique
Marlène Schiappa, en charge du ministère délégué à la citoyenneté.
Selon le rapport, 140 000 personnes dont 90 000 enfants seraient
touchés par ces groupes sectaires.
Des sectes « traditionnelles » toujours présentes
Un quart des signalements concerne des mouvements «
traditionnels ». La Miviludes constate par exemple que des
organisations comme les Témoins de Jéhovah ont profité de la crise
sanitaire pour faire du « prosélytisme abusif » auprès de la
population.
La santé au cœur des dérives sectaires
La santé est ainsi comme depuis plusieurs années très exposée
au risque de dérives sectaires. Ainsi, environ 40 % des
signalements concernent des questions de santé ou de bien-être.
Outre les pratiques parfois tendancieuses liées au «
développement personnel », les stages de jeûnes extrêmes ou
de crudivorisme prospèrent partout en France.
Le complotisme constitue-t-il une dérive sectaire ?
La Miviludes ne cache pas également son inquiétude face à la
multiplication des discours conspirationnistes. Même si ces
derniers ne peuvent être « considérés comme une dérive sectaire
dans son acception juridique » certains phénomènes « peuvent
répondre aux critères de dérives et de nocivité ».
Le mouvement conspirationniste américain QAnon, considéré par
le FBI comme source potentielle de terrorisme intérieur, et faisant
la promotion de l’idée selon laquelle Donald Trump serait chargé
d’une guerre secrète menée contre un « État profond »
commettant des crimes satanistes, et qui pourrait avoir inspiré à
ce dernier certaines de ses positions iconoclastes sur l’épidémie,
serait désormais bien implanté en France et en Europe.
Enfin un dirigeant pour la Miviludes
Ce rapport marquera-t-il le retour de la Miviludes après deux ans sans dirigeant et à un moment où beaucoup s’inquiétaient pour son avenir ? Désormais, c’est une ancienne magistrate, Hanène Romdhane, qui sera chargée d’incarner le visage de la lutte contre les sectes en France.C.H.