
Troubles neurologiques, sensoriels et mentaux
Soixante‐trois patients atteints de troubles neurologiques
liés au N2O (38 hommes, 25 femmes) âgés de 15 à 33 ans
ont été recrutés rétrospectivement entre février 2017 et juillet
2020. L'exposition des patients au N2O était liée à l'inhalation
d'ampoules/ballons (7,5 g/10 ml/ampoule) ou de cartouches plus
grandes (1 000 ml/cartouche) ; 2 patients avaient également pris du
N2O sous forme solide. La quantité de N2O
consommée par session était en moyenne de 4 000 (2 400−7 000) ml,
et la fréquence de consommation était de 3,33 ± 1,69 fois par
semaine. L'intervalle de temps entre la consommation initiale de
N2O et l'hospitalisation était de 6 mois en moyenne.
Au total, 96,83 % des patients ont eu des troubles de la
marche, avec préservation de l’autonomie sans aide technique pour
42,86 % d’entre eux.
Tous les patients (100 %) se sont plaints de troubles
sensoriels, notamment d'hypoesthésie, de dysesthésie et d'une
altération de la pallesthésie (sensibilité aux vibrations) et de la
sensibilité proprioceptive (sensation positionnement et mouvement).
Sur le plan topographique, les troubles sensoriels affectaient les
bras et les jambes bilatéralement chez la plupart des patients
(71,43 %). Par ailleurs, des troubles cognitifs ont été observés
chez 19 patients (30,15 %), parmi lesquels « une déficience
légère sans besoin de soutien social » (22,22 %). Trente
patients (47,62 %) atteints de neuropathie ont présenté une perte
ou une réduction des réflexes tendineux profonds pour le rotulien
et le bicipital, et 36 patients (57,14 %) ont présenté des signes
cliniques de lésions des voies pyramidales.
Corrélation négative avec le taux de vitamine B 12
A l’analyse des données, une corrélation négative
significative a été retrouvée entre les taux sériques de vitamine B
12 et la sévérité clinique (r = −0,309, p = 0,014). Un intervalle
de moins de 6 mois entre l'abus initial de N2O et
l'hospitalisation était associé à des anomalies médullaires à l’IRM
indépendamment des autres facteurs (39,47 % contre 72,00 %,
respectivement ; p = 0,01). Trente‐huit (60,32 %) et 40 (63,49 %)
patients ont respectivement souffert d'anxiété et de dépression. De
plus, plus les scores cliniques/taux d'homocystéine sérique étaient
élevés, plus la gravité de l'anxiété/de la dépression était
prégnante (p < 0,01).
Anne-Céline Rigaud