Quand les féministes guident le peuple carabin

Toulouse, le mercredi 27 octobre 2021 – Une association féministe demande qu’une fresque qu’elle estime pornographique soit retirée du réfectoire de l’internat du CHU de Toulouse. Certains internes défendent l’esprit carabin.

A l’époque de MeToo et de la « cancel culture », l’esprit carabin a-t-il encore sa place ? C’est la question que soulève « l’affaire de la fresque » qui ébranle le CHU de Toulouse. Des employés de l’hôpital se sont en effet plaints de la présence, sur le mur de la salle de garde de l’internat du CHU, d’une fresque jugée pornographique. L’œuvre, parodie du tableau « La Liberté guidant le peuple », représente les médecins et chefs de service de l’hôpital en plein ébats sexuels et dans des positions lascives, au milieu des détritus. La scène mélange les scènes dégradantes (on y voit un homme tenu en laisse) mais aussi absurdes, avec la présence de plusieurs ballons de rugby.

Une fresque dans le plus pur esprit carabin mais qui n’est pas au gout de tout le monde. Signalée par un membre du collectif d’usagers de l’internat appelé « Jeudi 11-2 », elle subit depuis les foudres de l’antenne locale de l’association Osez le féminisme. Les militantes féministes ont saisi le syndicat SUD du CHU de Toulouse qui a déclenché vendredi dernier une procédure auprès de la direction de l’établissement pour obtenir la disparition de la peinture murale. Ce lundi, la direction de l’hôpital indiquait avoir demandé à l’association des internes de retirer l’ « œuvre » litigieuse, association qui n’a pas encore fait de déclarations sur l’affaire. L’inspection du travail a également été saisie.

« Culture du viol » ou « folklore de la médecine » ?

Pour les membres de l’association Osez le féminisme, une telle fresque n’est plus tolérable à l’heure où la lutte pour l’égalité entre les sexes et contre les violences sexistes est au cœur de l’actualité. « C’est du harcèlement d’ambiance, cela banalise les agressions et le harcèlement sexuel » explique Enora Lamy, coprésidente de l’antenne d’Osez le féminisme en Haute-Garonne. Même son de cloche du côté de syndicat SUD. « Cela participe clairement à répandre la culture du viol, c’est une banalisation des images pornographiques » dénonce Isabelle Prono, déléguée syndicale SUD.

Du coté des internes, certains défendent la fresque, au nom de la tradition et de l’esprit carabin. « Ça fait partie du folklore de la médecine » estime un interne interrogé par les journalistes de France Bleu. Les internes du CHU de Toulouse n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai. En 2018 déjà, ils avaient orné les murs du réfectoire d’une fresque érotique. A l’époque, une plainte du collectif « Jeudi 11-2 » avait conduit au retrait du dessin. La fresque qui fait actuellement polémique est bien plus explicite et osée que celle retirée en 2018, signe que certains internes ne souhaitent pas céder aux sirènes du politiquement correct.

Afin d’éviter que ce genre d’incidents ne se reproduisent, Osez le féminisme et le syndicat SUD souhaitent que le règlement intérieur de l’internat soit modifié et interdise ce genre de fresque « pour qu’il n’y a plus de tels actes d’homophobie » explique Benoit Dupuy, syndicaliste chez SUD (bien qu’à première vue la fresque n’ait aucun caractère spécifiquement homophobe). Les militantes féministes rappellent que Toulouse n’est pas un cas isolé et demandent le retrait de toutes les fresques à « caractère pornographique » qui ornent les salles de garde de France. Pour le collectif Jeudi 11-2, « l’esprit carabin est une honte française ».

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Vos réactions (17)

  • Destruction de l'origine du monde de Courbet ?

    Le 27 octobre 2021

    Pourquoi ne pas demander aussi la destruction de l'origine du monde de Courbet ou du déjeuner sur l'herbe de Manet ou de certaines œuvres de Balthus sans parler de tous les nus dégradants de nos musées ? Osez le féminisme, le collectif « Jeudi 11-2 » et le syndicat SUD seraient plus avisés d'appeler à lutter contre la pornographie sur internet, que de jeunes enfants peuvent consulter sans filtre sur le moindre téléphone. Cela fait belle lurette que les salles de garde sont aseptisées à part quelques internats historiques d’hôpitaux universitaires qu'on devrait au contraire faire visiter lors des journées du patrimoine. Les syndicalistes pourraient alors expliquer à la population.

    Dr Denis Boutry

  • Reviens

    Le 27 octobre 2021

    Reiser, reviens, le monde est devenu fou.

    Dr A. Muller

  • Corrigez !

    Le 28 octobre 2021

    Votre titre est tendancieux : on pourrait penser que les féministes guident les carabins, mais à la lecture du corps on voit bien qu'il n'en est rien.
    Retenons :
    - qu'il s'agit de "féministes" autoproclamés qui ne représentent qu'eux mêmes, je suis tout disposé à écouter les internes de Toulouse (et d'ailleurs), en particuliers les internes féminines, mais pas les autres.
    - les autres que vous citez : "des employés de l'hôpital" , un collectif d'usagers de l'internat( nommé Jeudi 12-2), un syndicat(SUD) , une association (Osez le féminisme), sont des invités de l'interna , il n'y ont aucun droit !

    - ces autres ont ils une autorité morale ? ils ne sont pas médecins ou anciens internes, donc non !
    - et ce que font les internes chez eux (il s'agit d'un internat , c'est à dire leur domicile, leur chez-soi, leur lieu intime bien que partagé) ne les regarde pas : les internes ne vont pas censurer la déco ou les débats de ces donneurs de leçons dans leurs locaux que je sache.

    Dans leur internat les internes peuvent faire une décoration de lupanar ou des fresques satiriques, c'est leur droit le plus strict.

    On voit bien la dérive politiquement correcte de ces associations, qui ne feront jamais l'effort de comprendre et de tolérer leurs "autres", mais se targuent de donner des leçons pour montrer qu'elles existent, sous prétexte que l'hôpital public leur appartient.

    La liberté guidant le peuple : un tableau historique, une référence à laquelle des carabins ont rendu honneur même par le biais d'une satyre.

    Les politiquement corrects de l'époque voulaient le censurer, et aujourd'hui que ne pourrait on en dire ! La femme est caricaturée en hystérique dépoitraillée, avec un rapport de domination sur des hommes montrés comme des brutes débiles d'esprit et probablement avinées, et la violence dans ce tableau est omniprésente avec appel au meurtre, au désordre, et atteintes aux bonnes mœurs ... de ces collectifs d'usagers de la maison d'autrui, associations microféministes et Syndicats-patrons-DRH hospitaliers !

    Je suggère aux internes de persévérer, cette tradition est aussi rafraichissante que le tableau d'Eugène.

    Dr F Chassaing

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