Les phytocannabinoïdes issus du cannabis agissent par
l’intermédiaire du système endocannabinoïde, un système impliqué
dans le maintien de l’homéostasie et les processus
neurodéveloppementaux. La schizophrénie est apparemment associée à
des perturbations qualitatives et quantitatives de ce système, sans
que le caractère primaire ou adaptatif de ces perturbations ait pu
être déterminé. On sait aussi que les troubles du spectre de
l’autisme sont associés à des dysrégulations de ce système en lien
avec la signalisation médiée par l’ocytocine, constatations qui ont
conduit Natacha Schpigel (Ste Anne, Paris) à étudier la littérature
sur les potentialités thérapeutiques du cannabidiol en
psychiatrie.
En résumé, celui-ci n’agit pas que sur les récepteurs
cannabinoïdes mais également sur d’autres récepteurs non
spécifiques. Il aurait ainsi des propriétés antipsychotiques,
procognitives et prosociales intéressantes pour cibler à la fois
les symptômes positifs et négatifs dans la schizophrénie. Il
apparait également comme une option prometteuse dans la prévention
de la transition psychotique chez les sujets à ultra-haut risque et
semble intéressant dans les troubles du spectre de l’autisme à la
fois dans le but de réduire les déficits d’interactions sociales et
dans le traitement des comorbidités. Par ailleurs, le cannabidiol
aurait un effet anxiolytique ainsi que des propriétés
antidépressives par action sur les voies sérotoninergiques. Enfin,
concernant les addictions, les études montrent que le cannabidiol
limite les symptômes de sevrage et l’intensité du craving
dans les troubles liés à l’usage du cannabis et du tabac.
«
Quoi qu’il en soit, si dans toutes ces indications, la
tolérance paraît bonne, le faible niveau de preuve de ces
constatations implique la poursuite indispensable d’études sur les
mécanismes d’action et les bénéfices thérapeutiques du
cannabidiol », conclut Natacha Schpigel.
Dr Dominique-Jean Bouilliez