Quelle est l’efficacité des vaccins anti-Covid face au variant Delta ?

Le variant B.1.617.2 (Delta) a été identifié pour la première fois en Inde dès le mois de décembre 2020 pour devenir la lignée dominante dans ce pays vers la mi-avril 2021. Il s’est rapidement propagé à l’ensemble de la planète et en mai 2021, il faisait son apparition dans 43 pays, dont le Royaume-Uni où il devenu en peu de temps le variant dominant (comme en France aujourd’hui) en laissant loin derrière lui le variant Alpha (britannique).

Vaccination de masse au Royaume-Uni face au variant Alpha

Dans ce pays, une vaccination de masse avait été instaurée dans l’urgence, en espaçant les doses de 12 semaines afin de protéger le plus rapidement possible le plus grand nombre de sujets vulnérables par le biais de la première dose, face à une deuxième vague du variant Alpha qui prenait des proportions inquiétantes entre janvier et mai de cette année.

Cette stratégie vaccinale s’est avérée payante en réduisant l’incidence des formes graves de la maladie et des hospitalisations sans pour autant enrayer complètement l’épidémie. Le variant Delta qui a damé le pion à son prédécesseur se caractérise par un cumul de mutations affectant la synthèse de la protéine spike, respectivement T19R, Δ157-158, L452R, T478K, D614G, P681R et D950N. Plusieurs de ces dernières sont à même de favoriser la réplication du virus, avec en corollaire une augmentation de la charge virale des patients infectés et de la capacité de transmission de l’agent pathogène. Face à cette évolution de la pandémie qui va de vague en vague et concerne désormais la plupart des pays du globe, quelle est l’efficacité des vaccins anti-Covid-19 vis-à-vis du variant delta ?

Une seule dose peu efficace contre le delta

Rares sont les études à apporter une réponse argumentée à cette question cruciale. A cet égard, une étude britannique du type cas-témoins mérite d’être brièvement résumée, en sachant qu’elle ne porte que sur deux vaccins couramment utilisés dans ce pays, respectivement le BNT162b2 (Pfizer-BioNTech) et le ChAdOx1 nCoV-19 (AstraZeneca).

Plusieurs sources de données ont été combinées et croisées pour diminuer le risque de biais et d’erreur dès l’apparition des variants :

(1) vaccinés/non vaccinés (témoins) ;
(2) variant causal déterminé par séquençage génomique ;
(3) cas symptomatiques confirmés par PCR au moins trois semaines après une première dose et au moins deux semaines après la seconde.

De cette approche croisée réalisée avec des précautions méthodologiques, il ressort que l’efficacité vaccinale varie quelque peu selon le variant et le statut vaccinal.

Dans le groupe Delta, l’efficacité d’une seule dose de vaccin (BNT162b2 ou ChAdOx1 nCoV-19) s’est avérée notoirement plus faible que dans le groupe Alpha, soit respectivement 30,7 % (IC 95%, 25,2 à 35,7) versus 48,7 % (IC 95%, 45,5 à 51,7). Les résultats obtenus avec les deux vaccins se sont avérés similaires.

Efficacité vaccinale conservée face au variant Delta avec deux doses de vaccin

Avec les deux doses du vaccin à mARN (BNT162b2), l’efficacité dans le groupe Alpha a été estimée à 93,7% (IC 95%, 91,6 à 95,3) versus 88,0% (IC 95%, 85,3 à 90,1) dans le groupe Delta. Pour ce qui est du vaccin ChAdOx1 nCoV-19, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 74,5 % (IC 95 %, 68,4 à 79,4) et de 67 % (IC 95 %, 61,3 à 71,8).

Cette étude cas-témoins britannique montre donc (ce qui est rassurant) que les résultats obtenus au terme d’une vaccination complète ne sont guère différents d’un variant à l’autre. La protection apportée par les deux doses est voisine, étant entendu que le vaccin à mARN protège mieux que son concurrent à adénovirus (à l’aune de cette seule étude pour l’instant). La différence en valeur absolue est nettement plus marquée après une vaccination incomplète et cela vaut pour les deux vaccins : dans ces conditions, il convient d’aboutir dans les meilleurs délais à une vaccination complète, notamment chez les sujets les plus vulnérables, si l’on veut freiner la diffusion du variant Delta et éviter ses conséquences funestes en termes d’hospitalisations et de mortalité (et en termes socio-économiques).

Pour mettre un terme à la pandémie, c’est cette stratégie qu’il conviendrait d’adopter à l’échelon de la population mondiale ce qui représente un gigantesque défi, d’autant que le maintien de réservoirs viraux multiples risque d’entretenir la circulation virale et d’ouvrir la porte à d’autres variants de plus en plus transmissibles.

Dr Peter Stratford

Références
Lopez Bernal J et coll. Effectiveness of Covid-19 Vaccines against the B.1.617.2 (Delta) Variant. N Engl J Med 2021 (21 juillet) : publication avancée en ligne. doi: 10.1056/NEJMoa2108891.

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Vos réactions (11)

  • Les variants sont les séquelles des vaccins

    Le 23 juillet 2021

    On est bien d'accord que les variants ne sont apparus qu'après la nouvelle vaccination. Ou alors donnez nous des preuves du contraire.

    Si vous approuvez ce premier terme, pourquoi ou comment la vaccination stimule t’elle l'apparition de variants?

    Les mutants ? On les connaissait depuis 30 ans: le fruit du hasard avec ses nécessités. La plupart étaient sans danger, non ?

    Les mutants étaient sans danger au contraire des variants non ?

    Les variants voilà ce qui est nouveau depuis 18 mois. Il en résulte un cafouillage que bien peu (ni moi avec) comprennent.

    Essayons d'allumer une lumière. Dans les coronavirus, il y a toujours eu des mutants en grand nombre, et plus encore que dans d'autres virus, et ceci bien avant les vaccins ARNm.

    Il n'existait pas, par contre, de variants. C'est un fait dont chacun peut convenir !

    Alors ? Ce sont les injections ARN m qui, en éliminant (70-90 %) la plupart des virus souche, laissent pas mal de places vides à des mutants insensibles aux vaccins trop centrés sur quelques molécules de la protéine Spike.

    Ces variants étaient, jusque là sans danger faute de possibilité de capturer un système reproducteur et faute de place, les souches occupant tout.

    Les variants sont des mutants qui trouvent leur chance dans une faille post-vaccinale de notre système immunitaire mise à nu par la vaccination.

    Pénétrant dans nos cellules, ils y trouvent un système reproducteur puissant ce dont ils étaient dépourvus.

    A poursuivre on peut penser que continuer la vaccination, c'est probablement augmenter la variation.

    La variation est plus ou moins virulente. Si elle est moins virulente ne tuant pas ses hôtes, la contagiosité va augmenter.

    Mais la virulence fera le contraire. Et ce Covid va devenir une grippe comme les autres.

    Il y aura tellement de variants que les chercheurs fabricants de vaccins seront un an en retard sur le virus.

    Dr JD

  • Le café du commerce et les Lumières

    Le 24 juillet 2021

    Belle analyse par le Dr Peter Stratford d'une belle publication, in vivo , en aval des publications sérologiques in vitro préliminaires toujours plus contestables en vie rèelle.

    Il peut être utile de rappeler :

    1-Que le terme "efficacité" doit toujours re-précisé, en renvoyant ou non à l'objectif primaire fixé à 50% ou plus (mortalité) ou aux objectifs secondaires : Formes symptomatiques graves ou non, formes asymptomatiques toujours plus difficiles à cibler, hospitalisations toujours pays dépendant. Combien de soignants s'étonnent encore des contaminations des vaccinés et en concluent à l'inutilité des plateformes ?

    2-Que toutes les plateformes vaccinales ont été élaborées à partir de la souche "native" Wuhan , évaluées pour les phases 3 pivots avec elle puis évaluées en vie réelle en climat alpha ("UK")
    majoritaire (Israel-UK-USA).

    3-Que face au variant delta ("indien") le statut de la chine reste opaque malgré une première description de sa présence dès avril 2021 puis une analyse exemplaire de cluster* établissant la présence d'une charge virale ... 1000 fois supérieure par rapport à la souche native, d' une incubation plus courte de 4 jours et d'une contagiosité supérieure (+120% vs Wuhan) devenue notoire.

    *Li B, Deng A, Li K, et al. Viral infection and transmission in a large well-traced outbreak caused by the Delta SARS-CoV-2 variant. Virological.org. Jul 7, 2021.

    4-Que la possibilité de 3ième dose sur une base ... Pfizer en Chine commence à être évoquée (non publié) : Probablement un comble alors pour les autorités chinoises

    5-Que nos collègues de Hong Kong ont établi , sur une base sérologique avec ses limites in vivo , l'immunogénicité 10 fois supérieures de Pfizer vs Sinovac**, que les titrages neutralisants aprés 2 Sinovac sont ceux acquis aprés ... primoinfection:

    **https://www.thelancet.com/journals/lanmic/article/PIIS2666-5247(21)00177-4/fulltext


    Il ressort "donc" de ces constats et du travail analysé que .... " Les variants sont les séquelles des vaccins" à l' issu d une analyse très scolaire, bien huilée, sans la moindre référence , du Dr JD et de son éclairage trais personnel devenu habituel.
    La suite Dr JD c'est quoi ? : Pas de vaccin ?

    Renoncer à l'agilité adaptative des plateformes ARNm ? Un remake de l'antibiorésistance acquise, expliquée au petits, mais appliquée à la pandémie virale en cours ?

    Consternant brouillon d'inculture

    Dr JP Bonnet (61 ans vacciné)

  • Les variants alpha et delta ne sont pas apparus aorès la vaccination

    Le 24 juillet 2021

    Il est faux de dire que les variants sont apparus après la vaccination. Le variant Alpha est apparu fin novembre 2019, plus de 6 semaines avant la campagne de vaccination avec le vaccin à vecteur viral Vaxzévria; c'est même l'existence de ce variant qui a eu un rôle déclenchant dans la campagne de vaccination au Royaume Uni. Quant à l'augmentation de la virulence due aux variants, pour l'instant, elle n'est pas démontrée; c'est la contagiosité qui l'est; en ne vaccinant pas et en laissant circuler ce virus, non seulement on laisse la mortalité augmenter: c'est le cas du Brésil ou la politique de désastreuse de Bolsonaro qui s'oppose à la vaccination s'est traduite par une explosion de la mortalité qui est largement sous-estimée ; mais aussi on augmente la probabilité de nouveaux variants. La solution la plus rationnelle, comme l'ont montré Israël et le Royaume Uni, c'est la vaccination massive de la quasi totalité de la population. Actuellement ces 2 pays ne sont pas encore parvenus au chiffre de 95%, ce qui permet la circulation du variant delta; on constate cependant que chez les personnes vaccinées la virulence est plus faible et qu'il y a une réduction majeure des formes graves. La vaccination de masse est la condition nécessaire, mais pas suffisante pour maitriser cette pandémie.

    Dr Alain Siary

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