Quelle est l’efficacité des vaccins anti-Covid face au variant Delta ?

Le variant B.1.617.2 (Delta) a été identifié pour la première fois en Inde dès le mois de décembre 2020 pour devenir la lignée dominante dans ce pays vers la mi-avril 2021. Il s’est rapidement propagé à l’ensemble de la planète et en mai 2021, il faisait son apparition dans 43 pays, dont le Royaume-Uni où il devenu en peu de temps le variant dominant (comme en France aujourd’hui) en laissant loin derrière lui le variant Alpha (britannique).

Vaccination de masse au Royaume-Uni face au variant Alpha

Dans ce pays, une vaccination de masse avait été instaurée dans l’urgence, en espaçant les doses de 12 semaines afin de protéger le plus rapidement possible le plus grand nombre de sujets vulnérables par le biais de la première dose, face à une deuxième vague du variant Alpha qui prenait des proportions inquiétantes entre janvier et mai de cette année.

Cette stratégie vaccinale s’est avérée payante en réduisant l’incidence des formes graves de la maladie et des hospitalisations sans pour autant enrayer complètement l’épidémie. Le variant Delta qui a damé le pion à son prédécesseur se caractérise par un cumul de mutations affectant la synthèse de la protéine spike, respectivement T19R, Δ157-158, L452R, T478K, D614G, P681R et D950N. Plusieurs de ces dernières sont à même de favoriser la réplication du virus, avec en corollaire une augmentation de la charge virale des patients infectés et de la capacité de transmission de l’agent pathogène. Face à cette évolution de la pandémie qui va de vague en vague et concerne désormais la plupart des pays du globe, quelle est l’efficacité des vaccins anti-Covid-19 vis-à-vis du variant delta ?

Une seule dose peu efficace contre le delta

Rares sont les études à apporter une réponse argumentée à cette question cruciale. A cet égard, une étude britannique du type cas-témoins mérite d’être brièvement résumée, en sachant qu’elle ne porte que sur deux vaccins couramment utilisés dans ce pays, respectivement le BNT162b2 (Pfizer-BioNTech) et le ChAdOx1 nCoV-19 (AstraZeneca).

Plusieurs sources de données ont été combinées et croisées pour diminuer le risque de biais et d’erreur dès l’apparition des variants :

(1) vaccinés/non vaccinés (témoins) ;
(2) variant causal déterminé par séquençage génomique ;
(3) cas symptomatiques confirmés par PCR au moins trois semaines après une première dose et au moins deux semaines après la seconde.

De cette approche croisée réalisée avec des précautions méthodologiques, il ressort que l’efficacité vaccinale varie quelque peu selon le variant et le statut vaccinal.

Dans le groupe Delta, l’efficacité d’une seule dose de vaccin (BNT162b2 ou ChAdOx1 nCoV-19) s’est avérée notoirement plus faible que dans le groupe Alpha, soit respectivement 30,7 % (IC 95%, 25,2 à 35,7) versus 48,7 % (IC 95%, 45,5 à 51,7). Les résultats obtenus avec les deux vaccins se sont avérés similaires.

Efficacité vaccinale conservée face au variant Delta avec deux doses de vaccin

Avec les deux doses du vaccin à mARN (BNT162b2), l’efficacité dans le groupe Alpha a été estimée à 93,7% (IC 95%, 91,6 à 95,3) versus 88,0% (IC 95%, 85,3 à 90,1) dans le groupe Delta. Pour ce qui est du vaccin ChAdOx1 nCoV-19, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 74,5 % (IC 95 %, 68,4 à 79,4) et de 67 % (IC 95 %, 61,3 à 71,8).

Cette étude cas-témoins britannique montre donc (ce qui est rassurant) que les résultats obtenus au terme d’une vaccination complète ne sont guère différents d’un variant à l’autre. La protection apportée par les deux doses est voisine, étant entendu que le vaccin à mARN protège mieux que son concurrent à adénovirus (à l’aune de cette seule étude pour l’instant). La différence en valeur absolue est nettement plus marquée après une vaccination incomplète et cela vaut pour les deux vaccins : dans ces conditions, il convient d’aboutir dans les meilleurs délais à une vaccination complète, notamment chez les sujets les plus vulnérables, si l’on veut freiner la diffusion du variant Delta et éviter ses conséquences funestes en termes d’hospitalisations et de mortalité (et en termes socio-économiques).

Pour mettre un terme à la pandémie, c’est cette stratégie qu’il conviendrait d’adopter à l’échelon de la population mondiale ce qui représente un gigantesque défi, d’autant que le maintien de réservoirs viraux multiples risque d’entretenir la circulation virale et d’ouvrir la porte à d’autres variants de plus en plus transmissibles.

Dr Peter Stratford

Références
Lopez Bernal J et coll. Effectiveness of Covid-19 Vaccines against the B.1.617.2 (Delta) Variant. N Engl J Med 2021 (21 juillet) : publication avancée en ligne. doi: 10.1056/NEJMoa2108891.

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Vos réactions (11)

  • Les variants sont les séquelles des vaccins

    Le 23 juillet 2021

    On est bien d'accord que les variants ne sont apparus qu'après la nouvelle vaccination. Ou alors donnez nous des preuves du contraire.

    Si vous approuvez ce premier terme, pourquoi ou comment la vaccination stimule t’elle l'apparition de variants?

    Les mutants ? On les connaissait depuis 30 ans: le fruit du hasard avec ses nécessités. La plupart étaient sans danger, non ?

    Les mutants étaient sans danger au contraire des variants non ?

    Les variants voilà ce qui est nouveau depuis 18 mois. Il en résulte un cafouillage que bien peu (ni moi avec) comprennent.

    Essayons d'allumer une lumière. Dans les coronavirus, il y a toujours eu des mutants en grand nombre, et plus encore que dans d'autres virus, et ceci bien avant les vaccins ARNm.

    Il n'existait pas, par contre, de variants. C'est un fait dont chacun peut convenir !

    Alors ? Ce sont les injections ARN m qui, en éliminant (70-90 %) la plupart des virus souche, laissent pas mal de places vides à des mutants insensibles aux vaccins trop centrés sur quelques molécules de la protéine Spike.

    Ces variants étaient, jusque là sans danger faute de possibilité de capturer un système reproducteur et faute de place, les souches occupant tout.

    Les variants sont des mutants qui trouvent leur chance dans une faille post-vaccinale de notre système immunitaire mise à nu par la vaccination.

    Pénétrant dans nos cellules, ils y trouvent un système reproducteur puissant ce dont ils étaient dépourvus.

    A poursuivre on peut penser que continuer la vaccination, c'est probablement augmenter la variation.

    La variation est plus ou moins virulente. Si elle est moins virulente ne tuant pas ses hôtes, la contagiosité va augmenter.

    Mais la virulence fera le contraire. Et ce Covid va devenir une grippe comme les autres.

    Il y aura tellement de variants que les chercheurs fabricants de vaccins seront un an en retard sur le virus.

    Dr JD

  • Le café du commerce et les Lumières

    Le 24 juillet 2021

    Belle analyse par le Dr Peter Stratford d'une belle publication, in vivo , en aval des publications sérologiques in vitro préliminaires toujours plus contestables en vie rèelle.

    Il peut être utile de rappeler :

    1-Que le terme "efficacité" doit toujours re-précisé, en renvoyant ou non à l'objectif primaire fixé à 50% ou plus (mortalité) ou aux objectifs secondaires : Formes symptomatiques graves ou non, formes asymptomatiques toujours plus difficiles à cibler, hospitalisations toujours pays dépendant. Combien de soignants s'étonnent encore des contaminations des vaccinés et en concluent à l'inutilité des plateformes ?

    2-Que toutes les plateformes vaccinales ont été élaborées à partir de la souche "native" Wuhan , évaluées pour les phases 3 pivots avec elle puis évaluées en vie réelle en climat alpha ("UK")
    majoritaire (Israel-UK-USA).

    3-Que face au variant delta ("indien") le statut de la chine reste opaque malgré une première description de sa présence dès avril 2021 puis une analyse exemplaire de cluster* établissant la présence d'une charge virale ... 1000 fois supérieure par rapport à la souche native, d' une incubation plus courte de 4 jours et d'une contagiosité supérieure (+120% vs Wuhan) devenue notoire.

    *Li B, Deng A, Li K, et al. Viral infection and transmission in a large well-traced outbreak caused by the Delta SARS-CoV-2 variant. Virological.org. Jul 7, 2021.

    4-Que la possibilité de 3ième dose sur une base ... Pfizer en Chine commence à être évoquée (non publié) : Probablement un comble alors pour les autorités chinoises

    5-Que nos collègues de Hong Kong ont établi , sur une base sérologique avec ses limites in vivo , l'immunogénicité 10 fois supérieures de Pfizer vs Sinovac**, que les titrages neutralisants aprés 2 Sinovac sont ceux acquis aprés ... primoinfection:

    **https://www.thelancet.com/journals/lanmic/article/PIIS2666-5247(21)00177-4/fulltext


    Il ressort "donc" de ces constats et du travail analysé que .... " Les variants sont les séquelles des vaccins" à l' issu d une analyse très scolaire, bien huilée, sans la moindre référence , du Dr JD et de son éclairage trais personnel devenu habituel.
    La suite Dr JD c'est quoi ? : Pas de vaccin ?

    Renoncer à l'agilité adaptative des plateformes ARNm ? Un remake de l'antibiorésistance acquise, expliquée au petits, mais appliquée à la pandémie virale en cours ?

    Consternant brouillon d'inculture

    Dr JP Bonnet (61 ans vacciné)

  • Les variants alpha et delta ne sont pas apparus aorès la vaccination

    Le 24 juillet 2021

    Il est faux de dire que les variants sont apparus après la vaccination. Le variant Alpha est apparu fin novembre 2019, plus de 6 semaines avant la campagne de vaccination avec le vaccin à vecteur viral Vaxzévria; c'est même l'existence de ce variant qui a eu un rôle déclenchant dans la campagne de vaccination au Royaume Uni. Quant à l'augmentation de la virulence due aux variants, pour l'instant, elle n'est pas démontrée; c'est la contagiosité qui l'est; en ne vaccinant pas et en laissant circuler ce virus, non seulement on laisse la mortalité augmenter: c'est le cas du Brésil ou la politique de désastreuse de Bolsonaro qui s'oppose à la vaccination s'est traduite par une explosion de la mortalité qui est largement sous-estimée ; mais aussi on augmente la probabilité de nouveaux variants. La solution la plus rationnelle, comme l'ont montré Israël et le Royaume Uni, c'est la vaccination massive de la quasi totalité de la population. Actuellement ces 2 pays ne sont pas encore parvenus au chiffre de 95%, ce qui permet la circulation du variant delta; on constate cependant que chez les personnes vaccinées la virulence est plus faible et qu'il y a une réduction majeure des formes graves. La vaccination de masse est la condition nécessaire, mais pas suffisante pour maitriser cette pandémie.

    Dr Alain Siary

  • Les variants sont les séquelles des vaccins ?

    Le 25 juillet 2021

    Les variants sont le résultat des brassages de souche dans une population non vaccinée.
    Vous ne maitrisez pas le sujet et vous faites des raccourcis mensongers voire condamnables d'un point de vue scientifique.
    Dire que les variants arrive après le vaccin (rien à voire avec APRES LA VACCINATION) signifie la meme chose que leur arrivée après l'élimination du PSG de la champion's league en Juin 2020... c'est juste arrivé après ...
    vous êtes affligeant ...

    Dr Xavier Barreau



  • Mutations sélectionnées in vitro et in vivo

    Le 25 juillet 2021

    L'effort principal, de la gestion de la crise sanitaire liée au SARS-CoV-2, se concentre sur la vaccination. Cette démarche est allé jusqu'à l'obligation vaccinale pour les personnes sans critères de vulnérabilité.
    Cette stratégie, qui peut être qualifiée de l'égoïsme vaccinal des pays riches, va retarder, voire priver, l'accès aux vaccins des personnes vulnérables de pays défavorisés.

    Ainsi, "...aboutir dans les meilleurs délais à une vaccination complète, notamment chez les sujets les plus vulnérables, si l’on veut freiner la diffusion du variant Delta..." devient une illusion à l’échelon de la population mondiale et la sortie de la crise sanitaire compromise.

    Avant toute décision, il aurait fallu regarder de façon neutre les données pour décider si les variants, notamment le variant delta, se propagent rapidement ou s'ils émergent sous la pression selective ( "...apparition dans 43 pays..." du variant delta).

    Les publications disponibles sont plutôt en faveur d'une émergence sous pression sélective :
    - in vitro, la pression de sélection imposée par les anticorps, induits par les vaccins, a conduit à l'émergence des nouveaux variants du SARS-CovV-2 (1) ;
    - in vivo, le cas d'une forme grave et prolongée d'infection par le SARS-CoV-2, traitée avec des anticorps prélevés sur des convalescents, à favorisé l'apparition d'un variant.
    Les variants ont diminué lors de l'interruption du traitement avec les anticorps injectés et sont réapparus avec des nouvelles doses d'anticorps injectés. En l'absence des anticorps, les souches sauvages redevenaient majoritaires (2).

    A l'heure actuelle, face aux données épidémiologiques, la possibilité d'une sélection vaccinale de variants d'échappement à l'immunité n'est plus qu'un risque théorique et devrait modifier la politique vaccinale actuelle.
    Il faudrait donc arrêter l'égoïsme vaccinal de pays riches, ayant conduit à  la vaccination des personnes sans critères de vulnérabilité, et établir, à l’échelon de la population mondiale, des programmes des vaccinations des personnes vulnérables, en analogie avec un calculateur de risque pour la population proposé par les scientifiques américains (3).


    1. Wang, Z., Schmidt, F., Weisblum, Y. et al. mRNA vaccine-elicited antibodies to SARS-CoV-2 and circulating variants. Nature 592, 616–622 (2021). https://doi.org/10.1038/s41586-021-03324-6
    2. Kemp, S.A., Collier, D.A., Datir, R.P. et al. SARS-CoV-2 evolution during treatment of chronic infection. Nature 592, 277–282 (2021). https://doi.org/10.1038/s41586-021-03291-y
    (3) Jin, J., Agarwala, N., Kundu, P. et al. Individual and community-level risk for COVID-19 mortality in the United States. Nat Med 27, 264–269 (2021). https://doi.org/10.1038/s41591-020-01191-8

    Dr Johannes Hambura

  • Du doute comme fondement

    Le 31 juillet 2021

    J'envie le Dr Bonnet de ne pas avoir de doutes, sur autant les vaccins que sur la gestion politique de cette pandémie. Israël a reconnu, par son ministère de la santé que ce fameux vaccin, avait une efficacité à 38%, il y a quelques jours. Pour un produit qui doit sauver le monde... Et payé à prix d'or, et un peu plus pour ce pays, puisque Pfizer a vendu, certes en priorité mais un peu plus cher, les doses à ce pays. Cela fait cher pour tenter de se rassurer, ou du moins de manipuler les populations en agissant dans une seule voie et approche.
    Une vidéo de l' IHU du Dr Cassagne, montrait que le développement de cette pandémie, dans de nombreux pays, était sans rapport avec le % de population vacciné. Tout cela interroge, et devrait alimenter plus les doutes que les certitudes.

    Une chose est certaine, me semble t il, est que l'immunité donnée par la maladie, elle même, est de meilleure efficacité, que celle donnée par un vaccin. Avez vous attrapé deux fois la grippe, la même année?
    Depuis le début, tout sonne faux et ce n'est l' inconnue sur cette maladie qui est en cause mais les médecins et encore plus les politiques.

    Quand on est plus âgé que vous, on se souvient de pandémies aussi importantes, 1958 et 1969, que celle du Covid, pour lesquelles les médecins n'avaient pas été interdit de tenter de soigner, pas de vaccins à l'epoque vite faits, bien sûr, l'épidémie se déroula , l'immunité collective par la maladie fit le reste et probablement pleins de facteurs que nous ignorons.

    Vaccinons les sujets à risque, s'ils le souhaitent, sachant que les enfants et les adultes jeunes ne risquent rien statistiquement, et laissons faire la nature. C est d'ailleurs ce qui avait été préconisé par le Pr Caumes, infectiologue.
    Douter, doit aussi faire partie intégrante de l'esprit médical et surtout ne pas croire que les publications sont des paroles d'évangile, indépassables. La médecine est plus complexe que la simplification d'une publication, fut elle parfaite.
    Je vous envie d'avoir autant de certitudes.
    Terminons sur une note positive : 26 milliards de dollars dans les caisses de Pfizer. Au moins, certains doivent être heureux... Et puis cette pandémie n'est pas, loin s en faut, la plus grande source de mortalité sur la planète. 4,2 millions de morts pour 70 millions totaux dans la période. A ce jour, nous avons moins de chance de mourir par ce Covid ; mais plus de chance de mourir du cancer ou de maladie cardio vasculaire, et de beaucoup. Garder un peu de bon sens, c'est bien aussi ça être médecin.

    Dr Christian Trape

  • Le cri d'alarme du CDC

    Le 31 juillet 2021

    Je ne partage pas totalement cet optimisme sur l'efficacité des vaccins face aux formes peu ou asymptomatiques de la Covid, ni peut-être même face à sa dangerosité. Ce n'est pas ce qui en ressort de l'étude israélienne d'une part et du "cri d'alarme" du CDC américain d'autre part. Tant mieux si je me trompe.

    Gilles Papounet

  • Alternatives

    Le 02 août 2021

    Quelles sont les alternatives à la vaccination ? Si j'ai bien compris les antivax, il faut surtout ne rien faire. Quand je vois les foules de manifestants antivax, très très peu portent un masque qui pourtant au début de la pandémie était réclamé à corps et à cris.

    Sans doute, en plus, exigeraient ils quand même qu'en cas d'hospitalisation le personnel médical soit vacciné. Faudrait quand même pas exagérer : il ne manquerait plus qu'ils attrapent le COVID à l'hôpital ! Auquel cas, assistés par un bon avocat, ils ne manqueraient pas de faire un procès à l’hôpital pour infection nosocomiale.

    Enfin, ils se contrefichent pas mal précisément de ces soignants qui submergés lors de la 1ere vague devaient quand même faire leur boulot, mais comme le diraient ces antivax, c'est normal, c'est leur boulot.
    Certes, ce COVID tue peu...encore que...ça dépend de qui on parle et de quel pays. Mais si on survit après un séjour en réanimation, il est rare qu'on en garde un excellent souvenir et bien heureux ceux qui ne garderont aucune séquelle. On décrit également des COVID longs notamment chez les jeunes ; bon...il faut croire aussi que cela ne compte pas, ce qui pourtant ne parait pas être l'avis de ces patients.

    Ces gens raisonnent comme si ce COVID n'était pas plus grave qu'un rhume et que de toute façon cette infection ne laisse aucune séquelle à long terme contrairement au vaccin qui lui serait très dangereux à court et long terme : en sont-ils si sûrs ?
    Donc, en résumé, circulez, y a rien à voir ; circulation libre, aucune contrainte, pas de masque, pas de vaccin et ce sera le paradis au temps du COVID.

    J'ai eu le privilège d'assister (bénévolement) le personnel médical infecté au cours du 2e trimestre 2020, je suis vacciné et je vaccine bénévolement. Je n'ai aucun conflit d’intérêt avec les laboratoires fabriquant des vaccins. Honte pourtant aux financiers cupides de 2 laboratoires qui ont décidé d'augmenter les tarifs des vaccins pour l'Europe de 21 à 25 %, ce qui ne manquera pas d'alimenter la méfiance. La honte risque de ne pas s'arrêter là : ils vont nous dire que cette augmentation pour pays riches est faite pour distribuer des vaccins aux pays pauvres.

    Cela étant, le tout n'est pas seulement de critiquer, de s'opposer à toute décision : il faudrait aussi savoir proposer des solutions constructives pour lutter contre cette pandémie qui, les faits sont têtus, existe bien. Quelles sont-elles ? Quelle pierre ont apporté les anti-tout à l'édifice de la lutte anti COVID ?

    Dr G. Bouteiller (ancien PH, retraité)

  • Face aux anti-tout : le pour-tout

    Le 10 août 2021

    Merci au Dr Bouteiller pour ses commentaires qui pondèrent le forum.
    A force de lectures, j'en viens à synthétiser les choses ainsi :
    - on est bien forcé collectivement de faire face à cette menace qui concerne tout le monde, pays riches comme pauvres, et à craindre aussi bien le Covid grave que le Covid long ; à ce titre il nous faut accepter de vivre ensemble dans la même époque et de saisir tous les moyens de lutte efficaces à notre disposition ; j'ai l'impression à entendre certains patients anti-vaccins qu'ils se sentent protégés à se mettre ainsi en marge du groupe (vaste illusion) ;
    - la vaccination est un des outils à notre disposition mais elle a ses incertitudes : sécurité à long terme notamment, les questions sur l'auto-immunité retardée induite, l'efficacité à long terme, l'innocuité des rappels après 2 doses ;
    - il est IMPERATIF (nous étions "en guerre", dixit notre cher Président l'an passé) de consolider les troupes et de faire un investissement MASSIF et DURABLE de personnel soignant et de moyens, aussi bien dans les hôpitaux que les cliniques et le tissu libéral qui maille le territoire. Nous avions eu une pause l'été 2020 pour ce faire, rien n'a été fait de durable... OR NOUS N'EN AVONS PAS FINI AVEC LE COVID, et si cette épidémie se tasse, d'AUTRES SUIVRONT ;
    - une vision à LONG TERME de nos sociétés et des moyens de soigner devient INDISPENSABLE.
    Malheureusement, nous continuons à voir à court-terme, obnubilés par les rythmes de la bourse qui dictent désormais le fonctionnement de nos sociétés.
    Dommage, vraiment.
    Nous étions nombreux, pleins d'espoir au printemps 2020, à prendre cette crise sanitaire comme un salutaire événement pour marquer enfin le virage vers une société différente, où le productivisme et le profit (de certains, "les 1%") ne soient plus les seuls objectifs... Immense déception. Virage raté. Le prochain sera plus douloureux... voire anéantissant ?
    Les catastrophes environnementales nous rappellent pourtant sans cesse à l'ordre, en plus du coronavirus...

    Dr Anaïs PIPET (Pneumologue libéral, vaccinée !)

  • Les certitudes deviennent des incertitudes ?

    Le 13 août 2021

    Un preprint certes, mais la charge virale élevée du variant Delta chez les personnes vaccinées asymptomatiques pourrait augmenter probablement le risque de transmission nosocomiale (1).

    (1) Linsenmeyer K., Gupta K., Madjarov R., Charness M.E. Cryptic Transmission of the Delta Variant AY.3 Sublineage of SARS-CoV-2 among Fully Vaccinated Patients on an Inpatient Ward. medRxiv 2021.08.05.21261562; doi: https://doi.org/10.1101/2021.08.05.21261562

    Dr J.Hambura

  • Cause ou conséquence, telle est la question...

    Le 15 août 2021

    Les auteurs d'une étude parue en preprint (1), analysant plus de 1,8 million de génomes du SRAS-CoV-2 de 183 pays et territoires déposés dans la base de données GISAID, ont constaté que la prévalence des mutations est plus élevée dans les épitopes de cellules B que dans les épitopes de cellules T. Ils en déduisent que les vaccins qui reposent principalement sur l'immunité des cellules T devraient conférer une protection plus durable contre les variants préoccupants du SRAS-CoV-2.
    Tenant compte de ce constat, il serait alors logique et cohérent d'évaluer cette immunité des cellules T également chez les patients non vaccinés et guéris du Covid-19, afin de mieux coordonner la stratégie vers une immunité collective.

    Les auteurs mentionnent aussi, en se basant malheureusement uniquement sur 47 cas étudiés, que les patients non vaccinés partagent significativement plus de similarités mutationnelles génomiques avec les variants préoccupants que les patients atteints d'un échappement vaccinal.
    Cette constatation est intéressante, mais elle nécessiterait une évaluation et une vérification statistiquement significative.
    D'autant plus que
    - in vitro, la pression de sélection imposée par les anticorps, induits par les vaccins, a conduit à l'émergence des nouveaux variants du SARS-CovV-2 (2) ;
    - in vivo, le cas d'une forme grave et prolongée d'infection par le SARS-CoV-2, traitée avec des anticorps prélevés sur des convalescents, a favorisé l'apparition d'un variant. Les variants ont diminué lors de l'interruption du traitement avec les anticorps injectés et sont réapparus avec des nouvelles doses d'anticorps injectés. En l'absence des anticorps, les souches sauvages redevenaient majoritaires (3).

    Par ailleurs, les constatations suivantes des auteurs (1) sont plutôt en faveur d'une pression selective exercée par les vaccinations:
    - la diversité des lignées SARS-CoV-2 diminue au niveau des pays avec un taux accru de vaccination de masse (négativement corrélée avec l'augmentation du taux de vaccination de masse dans les pays analysés);
    - Le déclin de la diversité de la lignée est couplé à la dominance accrue des variants préoccupants;
    - les patients subissant un échappement vaccinal hébergent des virus avec une diversité significativement plus faible par rapport aux patients COVID-19 non vaccinés.

    La question reste toujours ouverte, si la vaccination ne devait pas être limitée aux seules personnes vulnérables à l’échelon de la population mondiale, en analogie avec un calculateur de risque pour la population proposé par les scientifiques américains (4).

    1.Niesen M.J.M., Anand P., Silvert E., Suratekar R., Pawlowski C. et al. COVID-19 vaccines dampen genomic diversity of SARS-CoV-2: Unvaccinated patients exhibit more antigenic mutational variance. medRxiv 2021.07.01.21259833; doi: https:/doi.org10.1101/2021.07.01.21259833
    2. Wang, Z., Schmidt, F., Weisblum, Y. et al. mRNA vaccine-elicited antibodies to SARS-CoV-2 and circulating variants. Nature 592, 616–622 (2021). https://doi.org/10.1038/s41586-021-03324-6
    3. Kemp, S.A., Collier, D.A., Datir, R.P. et al. SARS-CoV-2 evolution during treatment of chronic infection. Nature 592, 277–282 (2021). https://doi.org/10.1038/s41586-021-03291-y
    4. Jin, J., Agarwala, N., Kundu, P. et al. Individual and community-level risk for COVID-19 mortality in the United States. Nat Med 27, 264–269 (2021). https://doi.org/10.1038/s41591-020-01191-8

    Dr J. Hambura

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