
Les commotions cérébrales ne sont pas rares et entraînent une
variété de symptômes de gravité très variable jusqu’à des séquelles
physiques, cognitives, sociales, émotionnelles. Les céphalées sont
les symptômes les plus communs ressentis par les enfants consultant
aux urgences. Les recommandations pour leur traitement, en
particulier nord-américaines, comportent la prescription
d’antalgiques en évitant les opioïdes. Cependant, on ne dispose que
de peu de données sur la prescription des antalgiques aux urgences
après les traumatismes crâniens bénins ou d’intensité moyenne. D’où
l’intérêt de cette enquête américaine qui a porté sur les données
des services d’urgence de 2007 à 2015. Un échantillon national de
30 000 patients de moins de 18 ans a été sélectionné au hasard à
partir des codes diagnostiques de 300 services d’urgence dont les
données anonymes sont récoltées annuellement pour les statistiques
du CDC (Centers for Disease Control and Prevention). A
chaque visite aux urgences était attribué un poids statistique
d’échantillon pour générer une population représentative non
biaisée. Les codes diagnostiques comme fracture, lacération, otite,
ont permis d’exclure les autres indications de prescription
d’antalgiques. L’analyse a été restreinte aux patients pour
lesquels un traumatisme a eu lieu en utilisant la question
disponible dans le corpus : « la visite est-elle en rapport avec
un traumatisme ? ». Les patients sélectionnés avaient un
diagnostic de commotion cérébrale isolée ou de céphalées
post-traumatiques. Durant la période, il y eût 59 921 consultations
dans la base de données dont 317 ont été analysées soit une
estimation totale de 1,54 millions de consultations pour commotion
isolée et 171 000 visites par an. L’âge médian était de 12 ans (IIQ
7-15) et 61 % étaient des garçons. Plus de 90 % des patients ont
été examinés dans un centre non universitaire ou non pédiatrique.
Une douleur a été rapportée dans 85 % des observations. Son
intensité, disponible dans 93 % des cas, a été évaluée modérée dans
39 % des cas et sévère dans 29 % des cas.
Au total, les résultats montrent que 42 % des sujets se
plaignant de douleurs n’ont pas eu de traitement. La proportion de
patients traités augmentait avec l’intensité de la douleur mais
aucune antalgie n’a été administrée à 42,5 % des patients se
plaignant d’une douleur modérée et 36,5 % de ceux avec une douleur
intense. L’analyse à variables multiples a montré que les facteurs
négativement associés à une prescription d’antalgiques étaient
l’âge jeune, le sexe masculin, le traitement dans un hôpital non
universitaire. Les médicaments les plus souvent prescrits étaient
le paracétamol (54 %), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (44
%) et les opioïdes (13 %) non recommandés dans cette
indication.
Pr Jean-Jacques Baudon