Réaction vaccinale chez l’enfant : peut-on revacciner ?

Après une « réaction vaccinale » [RV] chez un enfant, les parents posent toujours la même question aux médecins : « peut-on continuer la vaccination ou vaut-il mieux l’arrêter ? ». JG Zafack et coll. ont mené une recherche bibliographique dans Medline - via Pubmed -, Embase et la Cochrane Library jusqu’à septembre 2016 pour estimer le risque de récurrence des RV, c’est-à-dire des évènements indésirables qui surviennent dans les heures ou les jours suivant une vaccination (1).

Leur revue analyse 27 études de cohorte et 2 essais contrôlés randomisés [ECR], incluant une grande majorité de sujets de moins de 18 ans. Sans être exhaustive, elle renseigne sur 3 RV sévères et un certain nombre de RV moins sévères.

Pas de risque de récurrence d’une anaphylaxie et des convulsions lors de la revaccination

Pour l’anaphylaxie et les convulsions le risque de récurrence est nul, tandis que le risque d’apnées itératives est significatif chez les prématurés primo-vaccinés.

Aucun des patients ayant présenté des manifestations allergiques (n = 594, 8 études) ou un choc anaphylactique (n = 133, 2 études) avec divers vaccins, n’a fait de choc anaphylactique lors d’une revaccination. Les précautions comprenaient un bilan clinique avec ou sans tests cutanés, l’injection à l’hôpital ou dans une policlinique, et, parfois, le fractionnement de la dose de vaccin.

De même, aucun des patients ayant fait des convulsions avec divers vaccins n’a refait de convulsions lors d’une revaccination (n = 60, 3 études). On ignore s’ils ont reçu des anticonvulsivants ou des anti-pyrétiques à titre préventif.

Mais un risque de refaire des apnées pour les prématurés

Au cours de la primo-vaccination, 18 % des prématurés ayant fait des apnées lors de la 1ère dose ont refait des apnées lors de la 2e dose (13/71, 2 études). Le risque est d’autant plus élevé que le poids de naissance est faible et qu’il y a eu des complications liées au terme. Le maintien ou la reprise du monitorage cardio-respiratoire paraît donc justifié lors de la primo-vaccination de ces enfants.

Les RV moins sévères ont un taux de récurrence très variable.

Pour la fièvre, la douleur et l’inflammation locale, les études concernent surtout le DTCoq. Parmi les enfants fébriles après une 1ère dose de DTCoq acellulaire [DTCa], 21 % ont refait de la fièvre après la 2e dose, et 18 % après la 3e dose. Un œdème s’étendant à tout un membre après la 4e injection de DTCa, a récidivé dans plus de 50 % des cas à la 5e injection (55/98, 3 études) et a régressé en général en moins de 4 jours (durée maximum : 19 jours).

Les manifestations allergiques autres que l’anaphylaxie (urticaire, œdème de Quincke, dyspnée, wheezing, etc.) ont récidivé chez 5 % des patients ; elles ont été légères et autolimitées, sauf chez une enfant (8 études). Pour le syndrome oculo-respiratoire, un effet secondaire du vaccin antigrippal inactivé, qui simule ces manifestations, le risque de récurrence a été estimé à 37 % par deux ECR.

Les cris persistants et la somnolence post-vaccinaux ont récidivé, respectivement, dans 24 % et 35 % des cas. En revanche, les épisodes de léthargie avec hypotonie, décrits chez des petits nourrissons dans les 48 h suivant une vaccination, n’ont récidivé que dans 0,8 % des cas (6 études).

Il n’a pas été observé de nouvelle poussée de purpura rhumatoïde lors de la 2e injection du vaccin contre le méningocoque B (6 patients, une étude).

Enfin, les vomissements et la perte d’appétit ont eu des taux de récurrence respectifs de 15 % et 25 % au cours de la primo-vaccination par le DTCoq.

Un document de référence

Les limitations de la revue sont nombreuses. Ainsi, le risque de récurrence du choc anaphylactique ou des convulsions peut être biaisé par l’arrêt de la vaccination. Il n’y a pas de données sur le risque de récurrence de RV rares telles que la thrombopénie après la vaccination anti-rougeoleuse, ou l’invagination intestinale après la vaccination contre les rotavirus.

En définitive, la revue de JG Zafack et coll. constitue un document de référence utile pour justifier la continuation d’une vaccination après une RV (2). Elle renforce paradoxalement la confiance dans la sécurité des vaccins. Il est souhaitable qu’elle soit enrichie et complétée avec d’autres études sur les évènements indésirables post-vaccinaux.

Dr Jean-Marc Retbi

Références
1. Zafack JG et coll. : Risk of recurrence of adverse events following immunization : a systematic review. Pediatrics 2017; 140(3):e20163707
2. O’Leary ST, Maldonado YA. : Adverse events following immunization: will it happen again? Pediatrics 2017; 140(3): e20171760

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Vos réactions (1)

  • Ben voyons !

    Le 01 octobre 2017

    Allons-y gaiement. Aucune données sur les conséquences en terme d'autisme, épilepsie, encéphalopathies diverses, complications respiratoires, Crohn, diabète, arthrite,... j'en passe et des meilleures comme les décès post-Gardasil très souvent après la 2è injection alors qu'à la 1ère il y avait déjà signal...

    Serge Rader

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