Réalité mixte : l’hôpital Avicenne joue les pionniers

Paris, le mercredi 6 décembre 2017 – De nombreuses équipes chirurgicales de haut niveau à travers le monde s’attèlent depuis plusieurs années à exploiter le potentiel des lunettes 3D. Plusieurs dizaines d’interventions ont ainsi déjà eu lieu, mettant notamment en évidence sa faisabilité technique, mais n’offrant pas toujours une démonstration parfaite des avantages concrets de ce dispositif. L’élaboration de plateformes et de programmes créant un environnement mixte visant à superposer les clichés d’imagerie et modélisation en trois D du patient et le corps du malade lui-même a changé la donne. Désormais, la réalité augmentée tend à s’imposer en chirurgie comme une nouvelle révolution, contribuant, comme depuis plus de dix ans les robots, à améliorer les performances et à limiter les risques de complications.

Des geeks dans les services de chirurgie français

Une volonté manifeste en France de participer à ce mouvement est constatée dans de nombreux services. Des jeunes chirurgiens férus de nouvelles technologies se sont en effet emparés des nouveaux dispositifs pour les adapter à leur pratique. Nous avons ainsi rapporté dans ces colonnes comment le jeune Dr Betto venait de pratiquer dans le service du Dr Nicolas Lonjon à Montpellier une ostéosynthèse rachidienne, en utilisant un programme de réalité augmentée. Le praticien était équipé de lunettes de réalité mixte Hololens ouvrant l’accès à un tutoriel immersif.

Ne plus commettre d’erreur… même si parfois ça ne rentre pas !

Hier, une étape supplémentaire a été franchie, avec la réalisation en direct à l’hôpital Avicenne de Bobigny en Seine-Saint-Denis d’une pose de prothèse de l’épaule par le docteur Thomas Grégory. L’intervention pouvait être suivie en direct sur Youtube. Les internautes ont ainsi pu découvrir le médecin chaussé de ses lunettes, elles-mêmes équipées d’une caméra. C’est grâce à elle que les spectateurs ont pu voir apparaître un hologramme en trois dimensions du corps de la patiente, qui est venu se superposer à celui-ci. L’objectif d’une telle prouesse technologique est de contribuer à des gestes plus précis. Ces outils n’empêchent cependant pas un chirurgien de demeurer un chirurgien et aux difficultés du métier de persister ; on a ainsi pu entendre le docteur Grégory s’exclamer en direct : « Ça ne rentre pas, c’est très chiant ! ». Mais bientôt, l’obstacle a pu être contourné et le praticien a retrouvé son enthousiasme : « C’est formidable. La théorie devient réalité, l’opération est facile alors que l’anatomie ne s’y prêtait pas facilement », explique-t-il après avoir détaillé les avantages du programme : « Voir au détail près la localisation des os et tendons afin de procéder à l’opération sans commettre d’erreur ».

Si d’autres premières ont déjà eu lieu, l’expérience d’Avicenne est unique car elle inaugure un cycle d’interventions destiné à aller au-delà de la prouesse isolée, afin d’évaluer scientifiquement les bénéfices (ou l’absence de bénéfices) pour les patients et les équipes de la réalité augmentée.

Aurélie Haroche

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