Remise en cause du droit à l’avortement aux USA, une menace pour la santé mentale

Un éditorial de JAMA psychiatry évoque notamment une étude de Zandberg & coll. [1] basées sur des données collectées aux États-Unis entre 1974 et 2016 et montrant une association entre limitations d’accès à l’avortement et suicide chez les femmes en âge de procréer. Selon cette étude, l’application d’une loi sur la réglementation ciblée des « prestataires d’avortement » dans un état des USA a conduit à des taux de suicide plus élevés de 5,81 % dans cet état, comparativement aux années précédant la mise en place de cette législation. Ceci tendrait à prouver que des restrictions d’accès à l’avortement sont associées à un stress et à une anxiété accrus qui pourraient concourir à l’augmentation observés des taux de suicide. De plus cette augmentation du taux de suicide concerne les femmes en âge de procréer, mais non un groupe témoin de femmes ménopausées.

C’est l’inverse pour les activistes anti-avortement

Dans un commentaire de cet éditorial, la professeure Gail Robinson[2] (exerçant à Toronto, au Canada) rappelle que plusieurs recherches et études solides démontrent clairement que l’avortement ne cause ni ne guérit une maladie mentale préexistante et que l’accouchement, la seule alternative pour une femme enceinte, pose des risques beaucoup plus importants de problèmes mentaux et physiques que l’avortement. Elle constate que les militants hostiles à l’avortement donnant plus de droits au fœtus qu’à la femme continuent à produire des recherches erronées pour tenter de justifier leur opposition à l’avortement. Par exemple, l’activiste anti-avortement David Reardon[3] aurait proposé cette « stratégie rhétorique » pour la cause qu’il défend : « effrayer les femmes à l’idée d’avorter en utilisant des ‘‘recherches’’ démontrant des résultats de santé terribles pour celles qui se font avorter. »

Citée par Wikipedia, la journaliste américaine Emily Bazelon explique dans le New York Times Magazine que pour David Reardon, le mouvement anti-avortement « ne gagnera jamais une majorité en affirmant le caractère sacré de la vie fœtale », mais qu’une stratégie plus efficace consiste dans la diffusion d’informations suggérant que l’avortement est psychologiquement nocif pour les femmes.

Pour conclure Gail Robinson rappelle que les femmes demandent l’avortement quand elles se refusent de donner naissance à des enfants dont elles ne peuvent pas s’occuper convenablement. 

[1] Jonathan Zandberg & coll.: Association between state-level access to reproductive care and suicide rates among women of reproductive age in the United States.JAMA Psychiatry; 2023 vol 80(02): 127–134. & https://penntoday.upenn.edu/news/restricted-abortion-access-linked-increased-suicide-risk-young-women
[2] https://psychiatry.utoronto.ca/faculty/gail-robinson
[3] https://en.wikipedia.org/wiki/David_Reardon

Dr Alain Cohen

Référence
VanderWeele T : Abortion and mental health–context and common ground. JAMA Psychiatry; 2023 vol 80(02): 105–106. doi: 10.1001/jamapsychiatry.2022.3530.

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