
Mais la glycémie post-prandiale apporte-t-elle des informations dignes d’intérêt quant au risque de rétinopathie diabétique, indépendamment ou en plus de l’HbA1c ? Cette question rarement posée est à l’origine d’une étude de cohorte rétrospective dans laquelle ont été inclus 1 216 patients atteints d’un diabète de type 2, répartis en 3 groupes selon le moment où la glycémie avait été dosée : (1) une à deux heures après le petit déjeuner (n = 487) ; (2) une à deux heures après le déjeuner (n = 323) ; (3) à ces deux reprises (n = 406). Les dosages effectués dans les deux années qui ont suivi l’inclusion ont été pris comme les dosages de base. Pour ces trois groupes, le suivi allait de 1 999 à 2017.
La glycémie post prandiale moyenne, prédictive de la survenue d’une rétinopathie
Une rétinopathie diabétique est survenue chez 30 % des patients du groupe 1, versus respectivement 28 % et 31 % dans les deux autres groupes. Une analyse multivariée des risques proportionnels selon le modèle de Cox a révélé que la glycémie post-prandiale moyenne, quel que soit le groupe, s’est avérée prédictive de la rétinopathie diabétique, indépendamment des valeurs moyennes de l’HbA1c, après ajustement selon les facteurs de confusion potentiels. Ces résultats sont restés significatifs dans deux cas de figure précis : d’une part, un âge < 60 ans, d’autre part des taux d’HbA1c < 7,0 %.L’étude étant rétrospective, il faut se garder de toute interprétation hâtive et confronter l’hypothèse évoquée à une validation par des études prospectives. Néanmoins, la glycémie post-prandiale facile à doser au quotidien s’avère précieuse dans le contrôle glycémique, au jour le jour. La remarque vaut notamment pour le diabétique d’âge moyen, même quand les taux d’HbA1c sont jugés satisfaisants, voire rassurants. Même dans ce cas, il importe de ne pas négliger l’hyperglycémie et ses pics post-prandiaux qui ne sont pas anodins…
Dr Philippe Tellier