Selon l’Unicef, 10 millions d’enfants sont en grave danger au Sahel central

Paris, le vendredi 17 mars 2023 – L’Unicef a publié aujourd’hui un rapport sur la situation humanitaire au Sahel central, et plus particulièrement dans les régions frontalières du Burkina Faso, du Mali et du Niger, où des millions d’enfants ont un besoin urgent d’aide humanitaire.

Incidents violents, affrontements entre forces de sécurité nationale et groupes armés, crise climatique… Dans le Sahel central, une véritable spirale de conflits et de crises entraîne toute la région dans la violence et l’insécurité. Les enfants sont encore plus durement touchés par toutes ces difficultés, affirme l’Unicef dans un rapport publié aujourd’hui.

Des conflits armés qui touchent de plus en plus les enfants

« L’année 2022 a été particulièrement violente pour les enfants du Sahel central », expliquent les auteurs du rapport. Il s’agirait même de l’année la plus dure depuis le début du conflit armé dans le nord du Mali, qui a débuté il y a dix ans et qui oppose des groupes djihadistes et indépendantistes au gouvernement malien.

Au Burkina Faso, selon l’Unicef, le nombre d’enfants tués au cours des trois premiers trimestres de l’année 2022 a été trois fois supérieur à celui enregistré au cours de la même période en 2021. Le plus souvent, ces enfants décèdent de blessures par arme à feu infligées lors d’attaques menées contre leur village, ou encore à cause d’engins explosifs. Au Mali, au cours de la première partie de l’année 2022, 480 enfants ont été recrutés de force par des groupes armés — un chiffre qui a lui aussi triplé par rapport à 2021.

Au Niger, l’Unicef a recensé 200 violations graves contre des enfants entre juillet et septembre 2022 dans les régions frontalières du Burkina Faso et du Mali. Le plus souvent, il s’agissait de recrutement et d’utilisation forcés d’enfants au sein de groupes armés.

« Les enfants sont de plus en plus prisonniers des conflits ; victimes de l’intensification des affrontements militaires ou pris pour cibles par des groupes non étatiques », indique Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. « Toutes les parties au conflit doivent impérativement mettre fin aux attaques contre les enfants, leurs écoles, leurs centres de santé et leurs maisons », exhorte le rapport.

Une insécurité grandissante

Certains groupes armés qui opèrent au Mali, au Burkina Faso ou au Niger emploient des tactiques de plus en plus brutales, comme le blocage de villes et des villages et le sabotage de réseaux d’eau. Par ailleurs, selon des projections publiées par l’Unicef, plus de 20 000 personnes vivant dans cette région risquent de connaître une insécurité alimentaire « catastrophique » d’ici juin 2023.

L’enseignement public est aussi la cible de ces groupes : les écoles sont systématiquement brûlées et pillées, des enseignants sont tués ou enlevés. Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, 8300 écoles ont d’ores et déjà dû fermer leurs portes, notamment parce qu’elles étaient directement visées par des attaques, parce que les enseignants ont dû fuir, ou tout simplement parce que les parents étaient trop effrayés à l’idée d’y envoyer leurs enfants.

L’insécurité touche également les régions frontalières du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, où les communautés les plus isolées disposent d’infrastructures et de ressources limitées. Les enfants y ont un accès restreint aux « services essentiels et à la protection », explique l’Unicef. 172 incidents violents ont été recensés en 2022 dans les régions frontalières au nord de ces quatre pays. Le Bénin est le plus durement touché : 16 % de sa population est considérée comme menacée.

Enfin, l’Unicef précise que cette crise gravissime pour les droits humains a lieu dans l’une des régions les plus durement touchées par le changement climatique : au Sahel, les températures augmentent 1,5 fois plus rapidement que la moyenne mondiale.

« L’ampleur de la crise dans le Sahel central et, de plus en plus, dans les pays côtiers voisins nécessite de toute urgence une réponse humanitaire plus forte ainsi qu’un investissement flexible à long terme dans des services sociaux essentiels résilients qui aideront à consolider la cohésion sociale, le développement durable et un meilleur avenir pour les enfants », explique Marie-Pierre Poirier.

L’Unicef appelle donc notamment les gouvernements du Sahel central à augmenter les investissements pour élargir l’accès aux services sociaux essentiels et à la protection des personnes. L’organisation internationale exige également, de la part de toutes les parties impliquées dans le conflit, de « s’acquitter de leurs obligations morales et juridiques fondamentales » à l’égard des enfants, en vertu du droit international.

Raphaël Lichten

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