
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est défini
comme une insuffisance respiratoire causée par l'apparition aiguë
d'une hypoxémie et d'une infiltration pulmonaire bilatérale.
L'incidence du SDRA chez les patients admis en service de
réanimation serait de 10,4 % et la mortalité varie de 11 % à… 87
%.
Une étude à grands effectifs
Cette étude de cohorte basée sur les données du service
national d'assurance maladie de Corée du Sud, a inclus tous les
patients adultes admis dans un hôpital pour traitement d’un SDRA
entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre
2017. L’objectif principal était la comparaison des taux de
mortalité à 30 jours chez les patients avec ou sans statines, lors
de l’admission.
Absence d’effet protecteur des statines : bien dommage !
La mortalité à 30 jours des utilisateurs de statines a été de 44,4 % (1 331 sur 3 023), et celle des non-utilisateurs de 45,2 % (1 331 sur 3 023). Selon l'analyse de régression de Cox dans la cohorte appariée par le score de propension, la mortalité à 30 jours n'a pas été associée de manière significative à l'utilisation ou non de statines (rapport des risques : 0,95 ; IC à 95 % : 0,88 à 1,02 ; p = 0,165). Selon l'estimation de Kaplan-Meier, la durée médiane de survie chez les utilisateurs de statines a été de 45 jours (IC 95 % : 39 à 50), et celle des non-utilisateurs de 42 jours (IC 95 % : 37 à 47) après l'appariement des scores de propension.En conclusion, cette étude a montré qu'un traitement antérieur
aux statines n'est pas associé de manière significative à la
mortalité à 30 jours chez les patients en SDRA.
Une analyse secondaire a suggéré que la rosuvastatine et les
statines à forte dose quotidienne pourraient avoir un certain effet
protecteur, bien que cette étude n'ait pas été conçue pour évaluer
ces expositions spécifiques.
Des limitations importantes
Nous pouvons pointer plusieurs limitations à cette étude. Certains paramètres (IMC, rapport P/F, scores SAPS-II et APACHE II) n'ont pas été inclus. La relation entre le traitement antérieur par des statines et le développement du SDRA n’a pas été prise en compte car n’ont été inclus que les patients chez qui le SDRA avait été principalement diagnostiqué. Étant donné qu'une étude précédente suggérait qu'un traitement antérieur par des statines était associé à un risque plus faible de développer un SDRA, cela peut constituer une importante limitation de cette étude.Dr Bernard-Alex Gaüzère