Tensions entre pharmaciens et médecins autour des pénurie de médicaments
Paris, le mercredi 30 novembre 2022 – Les tensions
d’approvisionnement touchent de plus en plus de médicaments tandis
que médecins, pharmaciens et autorités sanitaires s’opposent sur la
marche à suivre.
De nombreux médias (dont le nôtre) ont récemment alerté sur la
pénurie d’amoxicilline qui touche les officines françaises. Si
cette « tension d’approvisionnement » comme l’appelle
pudiquement les autorités est très médiatisée, elle n’est pas la
seule qui touche actuellement notre système de santé : la France
manque de médicaments et de produits de santé en tout genre.
Ces derniers jours, ce sont ainsi trois médicaments qui ont
fait l’objet d’une alerte relative à une tension
d’approvisionnement de la part de l’Agence de sécurité du
médicament (ANSM) à la suite des signalements émis par les
laboratoires. Vendredi dernier, c’est le Zostavax, vaccin indiqué
pour la prévention du zona et donc des douleurs post-zostériennes
chez les sujets âgés de plus de 50 ans, qui a ouvert le bal. Selon
son distributeur, le laboratoire MSD, ce vaccin ne sera tout
simplement plus disponible en pharmacie durant les prochains jours
et fera ensuite l’objet d’un contingentement jusqu’à une date
indéterminée. L’approvisionnement de ce vaccin à l’hôpital est en
revanche stable.
Pénurie de béclométasone
Ce lundi, c’était au tour de la béclométasone, solution
inhalable de corticoïdes utilisée dans le traitement de l’asthme,
de faire l’objet d’une alerte par l’ANSM. Selon les cinq
laboratoires produisant ce médicament, les solutions de 50, 100 et
800 µg sont en rupture de stocks jusqu’au 31 janvier prochain. Les
autres dosages (200, 250, 400 µg), sur lesquels les patients vont
se reporter, risquent des tensions d’approvisionnement, c’est
pourquoi ils feront l’objet d’un contingemment en ville.
Enfin ce mardi, en accord avec l’ANSM, le laboratoire Novo
Nordisk informait les médecins d’une tension d’approvisionnement
sur son stylo à insuline injectable prérempli Tresiba FlexTouch. Là
encore, la pénurie concerne la ville et non l’hôpital. La firme
danoise invite les médecins à privilégier la prescription de
solution injectable en cartouche via un stylo rechargeable et
rappelle que tout changement de type ou de marque d’insuline doit
faire l’objet d’un suivi médical attentif et d’un éventuel
ajustement de la dose.
Une pénurie de médicaments en série qui survient donc dans un
contexte de tension d’approvisionnement sur l’amoxicilline dans sa
forme buvable, l’antibiotique le plus prescrit en pédiatrie. Pour
juguler la pénurie d’amoxicilline, l’ANSM a mis en place un
contingentement des boites et a émis plusieurs recommandations à
l’intention des pharmaciens et des médecins, tels que la
réalisation de TROD (permettant de s’assurer de l’origine
bactérienne d’une angine), la limitation de l’antibiothérapie à 5
jours ou le recours à la dispensation à l’unité (DAU).
Tensions entre pharmaciens et médecins
Des mesures diversement appréciées par les officinaux et les
médecins.
Si l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO),
l’un des deux principaux syndicats d’officinaux, voit d’un bon œil
l’utilisation accrue des TROD et demande au gouvernement d’agir
pour améliorer l’accès des pharmaciens aux tests, le syndicat
rappelle son opposition au système de la DAU.
Selon le président de l’USPO Pierre-Olivier Variot, la DAU est
à la fois inutile, chronophage, complexe et dangereuse, notamment
en termes de traçabilité. Elle est de toute façon inapplicable en
cas de pénurie portant sur une solution buvable, comme c’est le cas
actuellement pour l’amoxicilline. « Les dernières
recommandations indiquent que le traitement standard doit durer 5
jours, les industriels ont l’obligation d’adapter les
conditionnements de leurs médicaments, ce n’est pas aux pharmaciens
d’y pallier en sortant leurs ciseaux » explique le
syndicaliste.
Pour le Syndicat des médecins libéraux (SML), ce n’est pas
tant la DAU qui pose problème, mais plutôt la remise en cause du
bien fondée des prescriptions des médecins. Ils demandent à ce que
les ordonnances « ne soient pas déverrouillés par l’action du
pharmacien sans l’accord du prescripteur ». Pierre-Olivier
Variot ne manque pas de répondre au SML qu’ « il n’y a pas
besoin de changer une prescription tant que le médecin prescrit
dans le respect du résumé des caractéristique du produit (RCP)
» et que le pharmacien peut changer le médicament prescrit par
une molécule identique sans en référer au médecin. Après les
tensions d’approvisionnement, y-a-t-il des tensions entre médecins
et pharmaciens ?
Chers confrères Pharmaciens, Rejoignez la lutte des biologistes et des généralistes. Et profitez-en pour leur éviter les erreurs stratégiques que nous avons commises 30 ans avant eux. La grève des cabinets fermés, comme celle des officines fermées façon CGT qui prend en otage les gens les fera râler contre les médecins,qui y perdront vite leur popularité. Ce qu'il faut faire, c'est une action qui fait basculer l'opinion pour nous, en proposant par une vigoureuse campagne la mise place de la Grande Sécu. En demandant qu'elle remplace les complémentaires pour devenir aussi la grande mutuelle. Croyez moi, là, ça va faire bouger les choses, Docteur Battistoni !