
En Décembre 2022, l’US Food and Drug Administration (FDA) a tenté de préciser la façon optimale de pratiquer un test de recherche du Covid-19 chez des sujets asymptomatiques pour être bien sûr qu’ils sont négatifs. La technique peut en effet poser problème car, après écouvillonnage nasal, les sujets infectés tendent à rester longtemps négatifs avant de se positiver et il a été suggéré que la charge virale en SARS-CoV-2 était initialement plus élevée au niveau de la gorge que du nez. Or, lors de ses préconisations de Décembre 2022, la FDA n’avait autorisé aucun test par écouvillonnage au niveau de la gorge car, signalait-elle, aucune preuve n’avait été fournie en faveur du site amygdalien pour les tests de dépistage rapide. Mais, à la même période, quelques études avaient suggéré qu’un double prélèvement nez-gorge augmentait la sensibilité diagnostique, de façon modérée ou plus nette selon les travaux. Avec l’émergence d’Omicron, il y a environ un an, il a été émis l’hypothèse que les écouvillonnages de gorge ou les doubles prélèvements pourraient être plus efficaces pour dépister cette nouvelle souche, d’autant que le début de la symptomatologie d’une infection par Omicron est, habituellement, un mal de gorge. Certaines autorités en matière de santé, comme celles du Canada, d’Israël ou du Royaume-Uni ont, de fait, considéré que les prélèvements combinés gorge-nez pouvaient augmenter la sensibilité des tests. A ce jour, on doit toutefois déplorer que les recherches sur le site idéal de prélèvement soient encore limitées et peu contributives.
Une sensibilité légèrement accrue grâce au prélèvement oral
Des scientifiques de l’Emory University ont évalué les écouvillonnages dans le nez et la gorge, conjointement à une recherche dans la salive, chez 121 individus asymptomatiques et dans un groupe de membres d’une famille ayant été exposés au SARS-CoV-2. Les prélèvements avaient été auto collectés. Les plus fortes charges virales ont été détectées dans la famille au niveau du nez mais il a été noté un chevauchement important entre les 3 types de prélèvements. Un autre travail a porté sur les écouvillonnages au niveau du nez et de la gorge chez 115 individus, randomisés vivant à San Francisco. Les tests employés étaient un test antigénique rapide (le Binax Now) et un test par PCR. Il est apparu que la pratique d’un prélèvement au niveau de la gorge augmentait la sensibilité de façon minime, d’environ 4 %.
Certains chercheurs sont plus favorables aux prélèvements au niveau de la gorge. Ainsi, Ismagilou relève que, dans 2 petites études, la charge virale dans la gorge et la salive augmente plus précocement que celle dans le nez et conclut que la meilleure technique de dépistage précoce est la combinaison des sites de prélèvement. De la même façon, un travail, mené auprès d’individus asymptomatiques recrutés dans des centres de dépistage communautaire que les prélèvements de nez isolés étaient plus performants que ceux de gorge mais que la combinaison des 2 sites de prélèvements aboutissait à la détection d’ une grande majorité des cas de Covid-19. La FDA signale par ailleurs que la pratique au niveau de la gorge de tests réservés à la voie nasale peut être délétère, exposant notamment à une perte de sensibilité du test en question et que les seuls tests antigéniques rapides validés aux USA ont été ceux avec écouvillonnage nasal. Elle recommande, de fait, vivement aux fabricants de valider leurs tests utilisant la gorge.
Quelques limites possibles pour le double prélèvement
A ce jour, plusieurs questions restent posées. 1/ le prélèvement oral entraine–t-il une inhibition pour les tests nasopharyngés et est– il alors nécessaire de recourir à 2 tests différents car les enzymes digestifs présents dans la bouche pourraient agir comme inhibiteurs et être cause de faux négatifs ? 2/ le fait de manger, boire ou fumer avant la pratique d’un[p1] test par voie de gorge en modifie-t-il le résultat ? Certaines autorités sanitaires, dont le Ontario Heath Service recommandent ainsi de ne pas manger, boire, macher du chewing gum, fumer ou vapoter au moins 30 minutes avant d’effectuer un test par voie orale. 3/ est ce que le fait de pratiquer un test en 2 endroits peut contaminer le second site ? 4/ des techniciens doivent – ils être mieux formés pour la pratique des écouvillonnages oraux ?
En conclusion, combiner un écouvillonnage du nez et de la gorge peut améliorer la sensibilité des tests antigéniques rapides mais il n’est pas prouvé que les tests pratiqués au niveau de la gorge uniquement soient supérieurs à ceux effectués par voie nasale. S’il y a lieu de pratiquer un seul test, selon certains auteurs, la voie nasale reste à recommander.
Dr Pierre Margent