
Paris, le mercredi 8 mars 2023 – L’Assemblée Nationale a voté une loi visant à prévenir l’exposition précoce et excessive des jeunes enfants aux écrans.
« 3h11 : voilà le temps passé en moyenne chaque jour par les enfants de moins de deux ans devant les écrans en 2022. Nous parlons d’une moyenne qui ne fait que s’accroitre avec l’âge ». C’est par ce constat alarmant que Caroline Janvier, députée Renaissance du Loiret, a débuté ce lundi la défense de sa proposition de loi « relative à la prévention de l’exposition excessive des enfants aux écrans ». Une méthode rhétorique efficace, puisque ce mardi, c’est à l’unanimité des 145 députés présents que l’Assemblée Nationale a adopté cette proposition de loi en première lecture.
Cette proposition de loi vise, selon l’exposé de ses motifs, à « poser la première pierre législative d’une politique publique adaptée » de prévention des risques liées à l’exposition aux écrans numériques pour les enfants de moins de six ans. Le texte entend notamment renforcer l’information des parents sur les inconvénients d’une utilisation précoce et excessive des objets informatiques par les enfants, qui ne sont pas forcément connus par tous. « Le milieu socio-économique dans lequel ils évoluent, le niveau d’études de leurs parents ou encore la composition familiale de leur foyer sont des facteurs déterminants, les familles monoparentales sont ainsi plus sujet à une surexposition aux écrans de leurs enfants » a expliqué la députée macroniste.
Des messages de prévention sur les emballages d’appareils numériques
Dans le détail, la proposition de loi, qui modifie le Code de la Santé Publique, prévoit la création d’une « plate-forme numérique (consultable sur un écran donc !) comportant des informations sur les risques liés aux écrans numériques (…) qui diffuse des recommandations sur les durées et les modalités d’utilisation recommandées des écrans numériques, en fonction de l’âge des enfants ». Il est également prévu que les professionnels de santé et de la petite enfance soient formés sur les risques associés à une exposition précoce aux écrans.
Autre disposition importante, les emballages d’appareils numériques (téléphones, ordinateurs, tablettes…) devront désormais comporter un message de prévention portant sur l’utilisation de ces appareils par des enfants. Les publicités pour ces appareils devront également contenir le même message. Sur proposition des députés écologistes, les pédiatres devront, à l’occasion des rendez-vous médicaux des enfants, « sensibiliser les parents sur les risques sanitaires liées à une exposition excessive aux écrans ». Enfin, à la demande des députés du Modem, le carnet de grossesse contiendra également des recommandations à destination des parents sur ce sujet.
Si le texte a fait l’unanimité parmi les députés, certains élus LR et RN ont regretté que ces dispositions ne concernent que les enfants de moins de 6 ans et ont proposé, sans succès, des amendements visant les adolescents. « Evidemment, il serait pertinent d’avoir des textes qui abordent tous les âges, y compris les adolescents qui sont exposés à d’autres risques avec l’évolution des contenus mais je pense qu’il faut mettre l’accent sur cette tranche d’âge définie, où se joue le développement cognitif » s’est justifié sans plus de précision Caroline Janvier.
Contrôle parental obligatoire pour s’inscrire sur un réseau social avant 15 ans
Les conséquences néfastes de l’exposition des enfants aux écrans ont fait l’objet de très nombreuses publications ces vingt dernières années, au fur et à mesure que les smartphones, tablettes et ordinateurs envahissaient notre quotidien. L’Académie de Médecine s’est ainsi inquiétée du phénomène il y a un mois tout juste, dans un communiqué du 8 février. Les effets de l’exposition aux écrans sur le sommeil et la vue des enfants et des adolescents sont connus et n’ont plus à être démontrés. En revanche, les conséquences sur l’apprentissage, la sociabilité, les troubles de l’humeur ou l’obésité restent davantage sujets à caution. Un consensus semble tout de même s’être établi chez les spécialistes de la petite enfance pour recommander que les enfants ne soient pas exposés aux écrans avant l’âge de 6 ans.
La proposition de loi adoptée ce mercredi s’inscrit dans un contexte plus large, celui d’une volonté affichée par les députés de mieux protéger les plus jeunes contre les dangers des nouvelles technologies. Jeudi dernier, l’Assemblée Nationale a ainsi voté une proposition de loi instaurant un accord parental obligatoire pour s’inscrire sur les réseaux sociaux avant l’âge de 15 ans.
Quentin Haroche