
L’étiopathologie de la maladie de Parkinson (MP), hormis les rares cas de formes génétiques, reste inconnue. Parmi les différents facteurs de risque évalués on note le rôle potentiel des antécédents de traumatisme crânien (TC), une hypothèse déjà émise en 1817 par James Parkinson lui-même. Un nombre important d’études cas-témoins ont été publiées lors des vingt dernières années concluant à des risques relatifs de MP après un TC de 0,6 à 6,2. Cependant, toutes ces études (sauf une) étaient basées sur les déclarations des patients, ce qui introduit un biais important. Celui-ci entraîne en effet habituellement une surestimation du risque : les cas, plus motivés que les témoins, se souviennent mieux et rapportent plus souvent une exposition au facteur de risque évalué que les témoins.
Afin de pallier ce biais, une équipe danoise a réalisé une étude cas-témoins en se basant sur le registre hospitalier national, qui contient l’ensemble des données sur les contacts hospitaliers des patients (hospitalisation ou consultation externe) et leurs motifs. De cette façon, 13 695 sujets avec un diagnostic de MP primaire ont été identifiés entre 1986 et 2006. Pour chacun, 5 sujets contrôles appariés sur l’âge et le sexe et vivants à la date du diagnostic pour le patient ont été tirés au sort à partir de la population danoise (n = 68 445).
L’analyse des données montre une augmentation de 50 % de la prévalence des contacts hospitaliers pour TC avant la déclaration de la maladie parmi les sujets atteints de MP par rapport aux témoins (OR = 1,5 ; IC 95 % : 1,4 à 1,7). Cependant, cette association était presque entièrement liée à des TC survenus dans les 3 mois précédents le diagnostic de la maladie (OR = 8,0 ; IC 95 % : 5,6 à 11,6), et aucune association n’était retrouvée avec des TC s’étant produits 10 ans ou plus auparavant (OR = 1,1 ; IC 95 % : 0,9 à 1,3).
Les données de cette étude montrent une augmentation en pic de la fréquence des contacts hospitaliers pour traumatisme crânien pendant les mois précédant la date de la déclaration de la maladie de Parkinson. Cette augmentation pourrait cependant être surtout à mettre au crédit des conséquences de la maladie avec les troubles de la coordination qu’elle engendre, plutôt qu’être considérée comme une de ses causes.
Dr Georges Dubois