Cette étude anglaise avait comme objectif d’évaluer les disparités de taux d’amputation abdominopérinéale (AAP) dans la prise en charge du cancer rectal en fonction des réseaux de cancérologie, des hôpitaux et des chirurgiens, en Angleterre entre 1998 et 2004 afin de déterminer si les éventuelles variations pouvaient être expliquées par des caractéristiques des patients comme le stade de la maladie, l’âge, le sexe ou le statut socioéconomique.
Il s’est agi d’une étude rétrospective en base de population, réalisée à partir de registres de cancer et de statistiques sur les comptes-rendus d’hospitalisation, et qui a concerné tous les intervenants du système anglais de santé impliqués dans la pris en charge du cancer rectal.
Au total 31 223 patients ayant eu un diagnostique de cancer
rectal et pris en charge pour une chirurgie majeure dans le système
de santé anglais ont été analysés.
Les taux de recours à l’AAP ont été évalués en fonction des
caractéristiques des patients et de l’environnement de prise en
charge.
On constate tout d’abord que le taux d’AAP a diminué de 30,5 %
en 1998 à 23,0 % en 2004.
La probabilité de bénéficier d’une AAP était plus grande pour les
hommes, les patients de faible niveau socio-économique, ainsi que
ceux pris en charge par un chirurgien réalisant moins de 7
chirurgies par an pour cancer rectal.
Il y avait également une variation significative du taux d’AAP en
fonction de la période, du chirurgien et de l’hôpital de prise en
charge, indépendamment des caractéristiques du patient.
Cette étude met donc en évidence une diminution du recours à l’AAP pour la prise en charge du cancer rectal entre 1998 et 2004, avec des variations significatives, indépendamment des caractéristiques de la maladie elle-même.
L’objectif doit être de réduire ces disparités dans le recours à
l’AAP, de façon à minimiser la perte de chance pour les patients,
réduire le taux de colostomie et optimiser la prise en charge du
cancer rectal.
Ces auteurs suggèrent que le taux d’AAP pourrait être utilisé comme
indicateur national pour évaluer l’efficience de la prise en charge
du cancer rectal.
Il serait certainement intéressant de comparer ces résultats à ce qui se fait en France
Pr Marc Bardou