
Parmi ces pistes de traitements alternatifs, notons la possibilité de « faire du neuf avec du vieux », c’est-à-dire de recourir à des traitements traditionnels dans certaines cultures pour enrichir la pharmacopée mondiale du futur. Dans cette perspective, un « bon candidat » a priori semble être le Kava (Piper methysticum)[1], une plante médicinale consommée (avec des usages « culturels et récréatifs ») dans certaines îles du Pacifique (Fidji, Samoa, Vanuatu...) et, plus récemment, dans des « bars à Kava » (populaires parfois aux États-Unis) où cette plante est censée avoir une vertu « calmante. »
Moins bien que le placebo
Les auteurs ont réalisé une étude contrôlée (extrait de racine de Kava versus placebo, sous forme de comprimés, et normalisé à 120 mg de kavalactones deux fois par jour) chez 171 participants avec trouble anxieux généralisé. À l’exception d’un « fléchissement de la mémoire » (Kava = 36 versus placebo = 23 ; p = 0,044) et de tremblements (Kava = 36 versus placebo = 23 ; p = 0,024) plus souvent constatés dans le groupe Kava, et de certaines anomalies des tests hépatiques significativement plus fréquentes dans le groupe Kava, sans lésion hépatique induite, la bonne tolérance du kava a été vérifiée. Mais au terme de la phase contrôlée, seulement 17,4 % des patients du groupe Kava sont considérés comme améliorés (selon l’échelle d’anxiété d’Hamilton), comparativement à 23,8 % de ceux du groupe placebo (p = 0,46).En d’autres termes, même si d’autres travaux présentent le kava comme un possible produit anxiolytique à court terme, pour traiter une anxiété plutôt réactionnelle, cette étude récente ne plaide pas pour le proposer comme un nouveau traitement efficace du trouble d’anxiété généralisé.
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Kava
Dr Alain Cohen