Un nouvel indice pour le diagnostic de la sarcopénie

La sarcopénie est fréquente chez les patients atteints de cancer, souvent présente même avant le diagnostic. De nombreux travaux ont montré qu’elle est associée, non seulement à une réduction de la survie, mais aussi à une plus mauvaise tolérance au traitement, à une réduction de la qualité de vie, à une altération des fonctions physiques, etc. Il s’agit donc de la dépister et de la traiter précocement. Il est désormais reconnu que le maintien d’une masse musculaire de bonne qualité est un défi important dans la prise en charge des patients atteints de cancer.

Plusieurs options ont été proposées pour l’évaluation de la sarcopénie, notamment le scanner au niveau de L3 ou l’impédancemétrie. Ces examens ne sont toutefois pas toujours accessibles rapidement. La recherche de marqueurs sériques faciles à doser et fiables a conduit à proposer l’utilisation du rapport créatinine/cystatine C plasmatiques comme outil d’évaluation de la masse musculaire. La créatinine indique la masse musculaire et la fonction rénale. La cystatine C reflète la fonction de filtration glomérulaire. Ce ratio est utilisé déjà dans d’autres contextes, comme pour les patients en soins intensifs, les transplantés, les insuffisants rénaux, etc mais il n’a pas encore été parfaitement évalué chez des patients atteints de cancer. Plus récemment, il a été proposé un nouvel indice de sarcopénie, comprenant le ratio Cr/CysC basé sur le débit de filtration glomérulaire estimé (eGFR-CysC).

Le ratio Cr/CysC et l’indice de sarcopénie sont tous deux inférieurs dans le groupe sarcopénie

Une équipe chinoise rapporte les résultats d’une étude transversale enrôlant 182 patients atteints de différents types de cancers au stade III/IV. La sarcopénie est définie comme la présence d’une faible masse musculaire et d’une diminution de la force musculaire. La masse musculaire squelettique était évaluée au niveau de L3 par scanner. Le ratio créatinine/cystatine C (Cr/CysC) et le nouvel indice de sarcopénie, basé sur le débit de filtration glomérulaire, étaient calculés pour tous les patients. 

Dans cette cohorte, la prévalence de la sarcopénie est de 27,5 %. Alors que les taux de créatininémie, de CysC et de eGFR-CysC ne sont pas significativement différents entre les patients atteints ou non de sarcopénie, le ratio Cr/CysC et l’indice de sarcopénie sont tous deux inférieurs dans le groupe sarcopénie. L’indice de sarcopénie est aussi significativement inférieur dans le groupe présentant une fatigue sévère. Après ajustements pour l’âge le stade du cancer, la CRP, le ratio neutrophiles/lymphocytes et la créatininémie, l’analyse multivariée confirme que l’indice de sarcopénie est inversement associé à la sarcopénie.

Données applicables à la population asiatique uniquement

Cet indice semble donc suffisamment fiable pour être utilisé en pratique courante pour dépister la sarcopénie chez les patients atteints de cancer. Manque toutefois encore la valeur-seuil définissant la sarcopénie. Dans cette étude, la valeur seuil est de 56 chez l’homme (avec une sensibilité de 57,5 % et une spécificité de 87,6 %), et de 61,2 chez la femme (avec une sensibilité de 88,2 % et une spécificité de 33,3 %). Mais les auteurs précisent que la cohorte est constituée intégralement de personnes d’origine asiatique et que ces valeurs ne peuvent pas être extrapolées à d’autres types de populations.

Dr Roseline Péluchon

Références
Xiaofen Fu et coll. : A New Index Based on Serum Creatinine and Cystatin C is Useful for Assessing Sarcopenia in Advanced Cancer Patients. Nutrition . 2021 Feb;82:111032

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