Une dose de nirsevimab protège le nourrisson contre le VRS pendant 5 mois

Les anticorps monoclonaux dirigés contre la protéine de fusion F du virus respiratoire syncytial [VRS] sont un moyen de prophylaxie des bronchiolites et des pneumonies à VRS du nourrisson. Cette classe thérapeutique comprend le nirsevimab en plus du palivizumab. Pour protéger des prématurés de moins de 35 semaines contre le VRS, il faut une dose de palivizumab par mois, d’octobre à février, alors qu’il suffit d’une seule dose de nirsevimab avant le début de la saison épidémique. Compte tenu de sa demi-vie plus longue, le nirsevimab pourrait avoir des indications plus larges que le palivizumab qui est réservé aux nourrissons à risque d’infection à VRS sévère.

Un essai de phase 3 évalue l’efficacité et la sûreté du nirsevimab chez des nourrissons bien portants, nés à terme ou un peu prématurément (≥35 sem.) et âgés de <1 an.

Les 1 490 participants inclus dans l’analyse principale ont été recrutés dans 20 pays de l’hémisphère Nord, de juillet à novembre 2019, et en Afrique du Sud, de début janvier à mi-mars 2020. Deux tiers ont reçu une injection IM de nirsevimab et un tiers une injection de placébo avant d’entrer pour la 1ère fois de leur vie dans la saison du VRS.

Pendant la période de 5 mois suivant l’injection du nirsevimab ou du placébo, recoupant en Afrique du Sud le début de la pandémie de Covid-19 où le VRS a peu circulé, les infections respiratoires basses à VRS ont été moins fréquentes dans le bras du nirsevimab (12/994, soit 1,2 %) que dans le bras du placébo (25/496, soit 5 %). L’efficacité du nirsevimab, calculée en soustrayant de 1 le risque relatif, est estimée à 74,5 % (Intervalle de Confiance de 95 % [IC 95%] : 49,6 à 87,1 ; p < 0,001 par régression de Poisson). Le risque de contracter une infection à VRS est 4 fois plus petit après l’injection du nirsevimab que du placébo (Hazard Ratio : 0,23 ; IC 95% : 0,12 à 0,47). L’efficacité du nirsevimab est moindre avant l’âge de 3 mois et en dessous d’un poids de 5 kg.

Un peu moins d’hospitalisations pour infection à VRS dans le groupe ayant reçu le nirsevimab

Pendant la même période de 5 mois, le pourcentage d’enfants hospitalisés pour des infections respiratoires basses à VRS a été de 0,6 % (6/994) dans le bras du nirsevimab vs 1,6 % (8/496) dans le bras du placébo, mais l’efficacité du nirsevimab n’est pas significative (62,1 % ; p > 0,05).

Au cours de l’année suivant l’injection les taux d’évènements indésirables graves ont été similaires avec le nirsevimab (6,8 %, 67 nourrissons) et avec le placébo (7,3 %, 36 nourrissons). Trois nourrissons traités avec le nirsevimab sont décédés 140 jours ou plus après l’injection, mais leurs décès ne sont pas imputables à l’anticorps. Une éruption maculeuse généralisée est survenue 6 jours après une injection de nirsevimab.

Des anticorps anti-nirsevimab ont été détectés chez 6,1 % des nourrissons traités, mais ils n’ont pas interféré avec la pharmacocinétique du nirsevimab car ils sont apparus tardivement.

Au total, cette étude montre qu’une injection IM unique de nirsevimab faite juste avant le début de la saison épidémique prévient les infections respiratoires basses à VRS chez les nourrissons bien portants et diminue les hospitalisations pour ce motif.

Une demande d’AMM vient d’être déposée auprès de l’Agence Européenne du Médicament [EMA].

La question qu’on peut se poser est celle de l’acceptabilité de cette immuno-prophylaxie par les parents d’un nourrisson dont le risque d’infection à VRS sévère est inférieur à celui auquel sont exposés un grand prématuré ou un nourrisson porteur d’une comorbidité telle qu’une dysplasie broncho-pulmonaire ou qu’une cardiopathie congénitale.

Dr Jean-Marc Retbi

Référence
Hammit LL et coll. : Nirsevimab for prevention of RSV in healthy late-preterm and term infants. N Engl J Med 2022 ; 386 : 837-846

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