La possibilité d’une participation bactérienne dans la maladie de Crohn est largement défendue et une infection par la bactérie Mycobacterium avium sous-espèce paratuberculosis a été proposée comme une cause de la maladie de Crohn (MC).
Pour tester cette hypothèse, 213 patients ont été randomisés
pour recevoir soit une association de clarithromycine 750 mg/j,
rifabutine 450 mg/j et clofazimine (spécifiquement dirigé contre
les mycobactéries) 50 mg/j, soit du placebo.
Ce traitement était mis en place pour deux années suivies d’une
année supplémentaire de surveillance.
Lors des 16 premières semaines de traitement la corticothérapie
a été progressivement diminuée et les patients en rémission à la
fin de cette 16ème semaine (score d’activité de la maladie de
Crohn, CDAI, ≤150) ont poursuivi le traitement antibiotique pendant
la phase d’entretien.
Le critère principal de jugement était la proportion de malades qui
avaient présenté au moins une rechute à 12, 24, et 36 mois.
A la fin des 16 semaines initiales, la proportion de patients en
rémission était significativement plus importante dans le groupe de
patients recevant des antibiotiques (ATB) que chez ceux recevant un
placebo (66 % vs 50 %; P = 0,02).
Sur les 122 sujets entrés en phase d’entretien, 39 % de ceux
recevant des ATB ont présenté au moins une rechute entre les
semaines 16 et 52 contre 56 % dans le groupe placebo (P = 0, 054).
Au terme de la seconde année de traitement ces proportions étaient
de 26 % et 43 %, respectivement (P = 0,14). Enfin, lors de l’année
de suivi post traitement les taux de rechute ont été de 59 % dans
le groupe ATB et de 50 % dans le groupe placebo (P = 0,54).
Cette étude montre que l’utilisation d’une triple antibiothérapie associant la clarithromycine, la rifabutine, et la clofazimine pour une durée allant jusqu’à 2 ans n’apporte pas de bénéfice à long terme. Elle ne fournit pas d’arguments en faveur de l’implication de la sous espèce paratuberculosis de Mycobacterium avium dans la pathogénèse de la MC.
L’amélioration observée à court terme lorsque cette association d’ATB était combinée à la corticothérapie n’est probablement pas spécifique.
Pr Marc Bardou