
Paris, le mercredi 25 mars 2020 – Une start-up française a
développé une application de géolocalisation permettant de tracer
les déplacements des personnes porteuses du coronavirus. Une
méthode mise en place à grande échelle en Corée du Sud.
La géolocalisation a envahi notre quotidien depuis une
dizaines d’années avec la généralisation des smartphones. De
nombreuses applications révèlent notre position aux entreprises qui
les proposent, parfois sans notre consentement, ce qui n’a pas
manqué de créer de nombreux débats relatifs à la protection de la
vie privée et de nos données personnelles. Si la géolocalisation
est pour l’instant utilisé à des fins essentiellement commerciales,
elle pourrait aujourd’hui participer à l’effort commun pour
contenir l’épidémie de coronavirus.
« Démarche citoyenne »
L’agence web ITSS, une start-up parisienne, a ainsi créé une
application de géolocalisation destiner à connaitre les
déplacements des personnes infectés par le Covid-19. Si un
utilisateur se déclare contaminé, l’algorithme de l’application,
dénommé « CoronApp », permettra de retracer son parcours
dans les 14 derniers jours. Tous les utilisateurs qui l’auront
croisé seront alors avertis qu’ils ont été en contact avec une
personne contaminée, sans que son identité ne soit
révélée.
Afin de protéger la vie privée des utilisateurs, les
développeurs de CoronApp assurent que les données de
géolocalisation ne sont conservées que pendant 14 jours et ne sont
ni partagées, ni revendues à des tiers. Cette « démarche
citoyenne », comme l’appellent les développeurs dans leur
communiqué de presse, est certes louable mais risque de se montrer
peu efficace tant que les autorités sanitaires n’auront pas mis en
place une politique de test à grande échelle de la population (et
que la population se dotera de ce type d’application !).
L’exemple coréen
L’idée de « traquer » les sujets contaminés s’inspire
du système mis en place à l’échelle nationale par la Corée du Sud.
Au pays du Matin calme, toute personne contaminée est suivie en
permanence par les autorités via son téléphone, sa carte bancaire
et les vidéos de surveillance. La position des sujets infectés (qui
restent anonyme) est accessible en temps réel à tous les Coréens
sur Internet. Un dispositif qui s’accompagne d’une campagne de
dépistages massifs : 15 000 personnes sont testées chaque jour et
les résultats sont obtenus en 24 heures.
Une politique qui porte ses fruits : le nombre de cas diminue
et le pays, pourtant l’un des premiers touchés par l’épidémie, ne
déplore que 111 morts. Le tout sans mesure de confinement ! Mais le
« traçage » généralisé de la population n’est pas sans poser
des questions démocratiques et éthiques quant au respect de la vie
privée, alors que les contrevenants risquent jusqu’à deux ans
d’emprisonnement.
Le respect de la vie privée, un argument si pratique
C’est justement au nom de la défense de la vie privée des
citoyens français que notre gouvernement se refuse, officiellement
et pour l’instant, à suivre l’exemple coréen. Interrogé sur la
question par les députés, le ministre de la Santé Olivier Véran
s’est dit opposé à toute mesure de « tracking ».
QH