
Paris, le mercredi 22 février 2023 – L’administration de doses de rappel permet bien de diminuer le risque d’hospitalisations liées à la Covid-19, mais cette protection diminue dans le temps.
Deux doses, puis trois, puis quatre : depuis le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19 en décembre 2020, l’administration de doses de vaccins n’a jamais cessé, les rappels vaccinaux se multipliant. Depuis avril dernier, il est en effet recommandé aux personnes de plus de 60 ans de se faire administrer une nouvelle dose de vaccin tous les 6 mois et une dose tous les 3 mois pour les plus de 80 ans (en respectant un délai de 3 mois en cas d’infection). Ainsi, certains sujets les plus âgés en sont théoriquement à leur 7ème dose de vaccin !
D’aucun ont pu s’interroger sur l’utilité d’être vaccinés aussi régulièrement et ont plus généralement émis des doutes sur l’efficacité des vaccins au cours du temps. Le groupe Epi-Phare, groupement d'intérêt scientifique constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la CNAM, spécialisé dans « l’épidémiologie des produits de santé » a donc tenté d’évaluer l’efficacité de ces doses de rappel dans la diminution du risque d’hospitalisation depuis l’arrivée en France des variants Omicron BA4 et BA5 au printemps dernier.
69 % d’efficacité pour la dose de rappel
Dans cette étude cas-témoin publiée ce mardi, les épidémiologistes d’Epi-Phare ont comparé la situation des près de 39 000 personnes hospitalisées pour Covid-19 entre le 1er juin et le 15 octobre 2022 à 378 000 cas témoins non-hospitalisés. Les deux groupes avaient une moyenne d’âge de 75 ans et leurs membres étaient différenciés selon leur statut vaccinal : non-vaccinés, primo-vaccinés (deux doses) et vaccinés avec un (trois doses) ou deux rappels (quatre doses). A noter que l’étude a été réalisée avant l’arrivée en France des vaccins dit bivalents protégeant spécifiquement contre les variants d’Omicron.
Il ressort tout d’abord de l’étude que, même plus d’un an après avoir reçu un simple schéma vaccinal (deux doses), les sujets voient leur risque d’être hospitalisés en cas d’infection par la Covid-19 diminuer de 45 % par rapport aux non-vaccinés. Surtout, il apparaît que, plus une personne a reçu de rappels, plus elle est protégée. Un individu qui a reçu trois doses a 56 % de risque en moins d’être hospitalisé qu’un non-vacciné et celui qui a reçu quatre doses voit son risque diminuer de 75 %. Comparée à la primo-vaccination, l’efficacité additionnelle de la 3ème dose est estimée à 69 % ; l’efficacité additionnelle de la 4ème dose par rapport à la 3ème dose est quant à elle de 44 %.
Une dose tous les six mois éloigne le médecin
Si les rappels permettent donc d’abaisser significativement le risque d’être hospitalisé, leur efficacité diminue rapidement dans le temps. Ainsi, une personne qui a reçu un rappel a une protection accrue de 69 % pendant les deux premiers mois après l’injection, de 55 % entre deux et quatre mois, de 30 % entre quatre et six mois et de seulement 22 % après six mois. « Six mois après un rappel, la protection revient au niveau post primo-vaccination » résume le Pr Mahmoud Zureik, directeur d’Epi-phare.
La protection la plus efficace est en réalité celle apportée par une immunité hybride : un individu qui a reçu quatre doses et qui a été contaminé par SARS-CoV-2 entre la 3ème et la 4ème dose a 82 % moins de risque d’être hospitalisé qu’un individu qui n’a reçu que trois doses et n’a pas été contaminé depuis. Pas de quoi pour autant chercher à se contaminer pour se protéger, compte tenu des très faibles effets secondaires de la vaccination, comparativement aux risques associés à une contamination pour soi et pour les autres. « La balance bénéfice/risque reste largement favorable à la vaccination » insiste le Pr Zureik.
Si la vaccination contre la Covid-19 n’est plus l’enjeu sociétal majeur qu’elle était en 2021, cet étude ne peut que nous amener à conclure que les personnes à risque doivent continuer à se faire vacciner régulièrement pour se protéger contre la maladie, qui continue de tuer une vingtaine de personnes par jour. Le Pr Zureik considère cependant « qu’il apparait de plus en plus clair qu’un rappel n’est pas nécessaire dans les mois suivant une infection » et « qu’après avoir eu la Covid, on peut probablement attendre six mois avant une dose de rappel ». De quoi diminuer quelque peu le nombre d’injections pour éviter « la lassitude vaccinale » !
Quentin Haroche