
Paris, le jeudi 25 août 2022 – La France a passé le cap des 50 000 vaccinés contre la variole du singe et la vaccination en pharmacie pourrait prochainement se généraliser.
Après des débuts difficiles, la vaccination contre la variole du singe s’accélère en France, lentement mais surement. En visite dans un centre de vaccination à Montpellier ce mardi, le ministre de la Santé François Braun a indiqué que la France venait de passer le cap des 50 000 vaccinés, « ce qui fait de la France l’un des pays au monde où l’on vaccine le plus avec les Etats-Unis ».
Il est vrai que la France fait sensiblement mieux que ses voisins européens, même si les différences de chiffres s’expliquent notamment par des délimitations plus ou moins larges de la population cible : 33 000 vaccinés au Royaume-Uni, mais seulement 1 200 en Espagne, 900 en Belgique et aucun vacciné en Suisse, où la campagne n’a toujours pas débuté.
12 000 vaccinations par semaine, insuffisant pour les associations
L’accélération de la campagne de vaccination est notamment due à l’ouverture progressive de la vaccination en pharmacie, qui a permis à de nombreuses personnes ne parvenant pas à trouver de créneau dans les centres de se faire vacciner.
Pour le moment, seules cinq pharmacies en France sont habilitées à administrer le vaccin contre la variole du singe, mais le ministre de la Santé a indiqué que d’autres pharmacies à Montpellier, dans le Nord et en Rhône-Alpes pourraient prochainement être habilitées à vacciner, avant une possible généralisation dans les officines début septembre.
A l’heure actuelle, 12 000 injections sont effectuées chaque semaine. A ce rythme, l’ensemble de la population cible, estimée par la Haute Autorité de Santé (HAS) à 250 000 personnes (hommes homosexuels et transsexuels multipartenaires et travailleurs du sexe) n’aura reçu sa première dose que dans cinq mois.
Insuffisant pour les associations homosexuelles, qui estimaient il y a peu qu’un rythme de 37 000 vaccinations hebdomadaires serait nécessaire pour protéger l’ensemble de la population cible avant la fin de l’été.
Dr Lacombe contre Dr Braun
Certains médecins se joignent à ces critiques et estiment que le gouvernement a manqué de réactivité face à cette épidémie. « Il a fallu attendre le 7 juillet, soit un délai de plus de six semaines entre l’arrivée du virus en France et le feu vert pour démarrer la campagne de vaccination » s’insurge le Dr Karine Lacombe, chef du service d’infectiologie à l’hôpital Saint-Antoine à Paris.
« Le temps perdu à cause de la réglementation et de la lenteur administrative a permis à l’épidémie de s’étendre » ajoute-t-elle. Mais pour le ministre de la Santé, il n’y a eu aucun « retard à l’allumage ». « Le 4 juillet je suis arrivé et dès le 10 nous commencions la vaccination » rappelle-t-il.
Si elle reconnait que les doses de vaccin ne manquent pas, le Dr Lacombe alerte sur le manque de soignants disponibles pour administrer les doses et regrette que la vaccination en pharmacie ne soit pas encore généralisée. « Comme si on avait besoin de confirmer que les pharmaciens sont capables de vacciner contre la variole alors qu’ils assurent celle contre la Covid-19 depuis des mois » s’insurge l’infectiologue.
Sur le plan épidémiologique, l’épidémie semble ralentir en Europe, où seulement 2 000 nouveaux cas sont observés chaque semaine en Europe contre 2 500 en août, mais pas aux Etats-Unis, où plus de 16 600 cas ont été comptabilisés en cumulée, soit 36 % des contaminations dans le monde.
La maladie est devenue l’une des préoccupations majeures de la communauté homosexuelle, qui concentre la quasi-totalité des cas. Ainsi, selon un récent sondage, 48 % des hommes homosexuels américains ont réduit leur nombre de partenaires sexuels à cause de l’épidémie et 49 % ont diminué l’utilisation d’applications de rencontre ou la fréquentation de lieux de rencontre dédiés aux homosexuels.
Nicolas Barbet