Une statine est désormais quasi systématiquement prescrite chez les patients à haut risque cardiovasculaire, et notamment après un premier événement cardiovasculaire. Une équipe japonaise a cherché à vérifier le bien-fondé de cette prescription systématique d’une statine dans les suites d’un premier infarctus du myocarde (IDM).
Entre 1999 et 2004, 4 075 patients ayant fait un premier IDM sont entrés dans un registre prospectif destiné à évaluer le risque de récidive. Finalement, 1 404 dossiers ont été analysés de manière rétrospective. Les dossiers retenus ne différaient statistiquement sur aucune des 23 covariables jugées essentielles (âge, sex ratio, diabète, HTA, cholestérol …etc).
Le critère de jugement était la mortalité toutes causes confondues. Le suivi s’est terminé en juin 2006, après une médiane de 4,1 ans et un taux de perdus de vue de 2,8 %.
Les statines prescrites à la sortie de l’hôpital étaient : pravastatine (52 % ; 10 à 20 mg/j), simvastatine (19 % ; 5 à 20 mg/j), fluvastatine (7 % ; 10 à 60 mg/j), atorvastatine (20 % ; 10 à 40 mg/j) et cerivastatine (2 %).
Au cours du suivi, il a été enregistré 139 décès, dont 87 (12,4 %) chez les patients du groupe contrôle (sortis de l’hôpital sans prescription de statine) et 52 (7,4 %) chez les patients qui avaient une prescription de statine à la sortie de l’hôpital (risque relatif : 0,64 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,45-0,90 ; p : 0,011).
Il apparaît donc que la prescription précoce d’une statine est fortement corrélée à un risque réduit de décès d’origine cardiovasculaire, de récidive d’IDM et d’épisodes d’insuffisance cardiaque. Le bénéfice de la prescription précoce de statine est particulièrement marqué chez les hommes, les patients de plus de 60 ans et ceux ayant un LDL-cholstérol ≥ 1,55 g/l.
Cette étude, réalisée sur une population exclusivement japonaise
tend à confirmer qu’une prescription précoce de statine dans les
suites d’un IDM améliore le pronostic vital et réduit plus
généralement le risque d’événements cardiovasculaires à moyen
terme.
Cette étude présente bien sûr l’inconvénient majeur de ne pas avoir
été randomisée. Elle manque également d’informations sur la dose de
statine, la durée du traitement, son observance…etc Rien ne
vaut une bonne étude prospective !
Dr Olivier Meillard