
Le syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) associe des symptômes nocturnes dominés par le ronflement, une hypersomnolence et des maladies associées favorisées par la répétition et la profondeur de l’hypoxémie nocturne (comorbidités cardiovasculaires au premier rang desquelles l’hypertension artérielle [HTA], diabète, troubles cognitifs et psychologiques).
Le diagnostic est confirmé par l’index horaire d’apnées et hypopnées nocturnes (IAH) réalisé par polygraphie ventilatoire ou polysomnographie (PSG). Un IAH > 5 définit la maladie. En France un IAH > 30 donne accès au traitement recommandé, la pression positive continue (PPC). Le SAOS non traité augmente significativement le risque cardiovasculaire et neurocognitif.
La PSG, gold standard diagnostique n'est malheureusement pas réalisable dans des délais raisonnables à l’échelon épidémiologique.
Le Dr P. Balagny (Hôpital Bichat, Paris) présente les résultats d’une vaste enquête évaluant les caractéristiques actuelles du SAOS par analyse des données de la cohorte CONSTANCES qui inclut des volontaires âgés de 18 à 69 ans vivant dans 21 départements métropolitains français. Les données relatives au SAOS ont été colligées en 2013-2014 et actualisées en 2017, regroupant 20 151 participants.
Le SAOS était considéré comme présent dans 2 situations : soit le sujet était traité par PPC (3,5 % des cas), soit le plus souvent le sujet déclarait un résultat significatif au questionnaire de Berlin (QB). Le QB évalue 10 critères incluant le ronflement, l'hypersomnolence, l’indice de masse corporelle (IMC, obésité si valeur > 30 kg/m²) et l’HTA avec une sensibilité de l’ordre de 80 % (2).
Données établies sur un questionnaire déclaratif
Les résultats sont présentés en % (intervalle de confiance à 95 %). La fréquence de la maladie est plus basse chez la femme que chez l'homme : 18 % (16,8 – 19,3) contre 20,2 % (18,9 – 21,6 %) (p < 0,001). La prévalence de la maladie augmente avec l'âge (p < 0,001) : 11,1 % (< 40 ans), 19,1 % (40-49 ans), 25 % (50-59 ans), 31,3 % (> 60 ans). Un niveau d’éducation bas multiplie le risque de SAOS par 2,5 et une dépression ou une faible activité physique (AP) par plus de 2.
En comparaison avec l’étude de C. Fuhrman (2008) sur le même sujet, ronflement et hypersomnolence ont augmenté respectivement de 30 % et 12 % à 37 % et 14,6 % dans le présent travail. L'hypersomnolence est plus fréquente chez la femme que chez l'homme (18 % contre 11 %, p < 0,001) probablement du fait d’une sous-déclaration des symptômes. Les auteurs concluent que le SAOS est sous-diagnostiqué puisque 18,1 % des sujets sont considérés comme à haut risque de SAOS alors que 3,5 % de la population seulement est appareillée par PPC.
On rappellera que le risque élevé de SAOS était établi par le QB, simple questionnaire déclaratif sans recours à la PSG chez 96,5 % des sujets. Les auteurs évaluent enfin que presque 20 français sur 100 sont à risque élevé de SAOS alors qu’à peine 4 sur 100 sont traités. Le facteur de risque « classique » qu’est l'obésité s’additionne aux facteurs de risque supplémentaires que sont le faible niveau d’AP, la dépression et de mauvaises conditions socio-économiques.
Dr Bertrand Herer