Vingt pour cent des Français souffriraient de SAOS…mais seulement 4 % sont traités

Le syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) associe des symptômes nocturnes dominés par le ronflement, une hypersomnolence et des maladies associées favorisées par la répétition et la profondeur de l’hypoxémie nocturne (comorbidités cardiovasculaires au premier rang desquelles l’hypertension artérielle [HTA], diabète, troubles cognitifs et psychologiques).

Le diagnostic est confirmé par l’index horaire d’apnées et hypopnées nocturnes (IAH) réalisé par polygraphie ventilatoire ou polysomnographie (PSG). Un IAH > 5 définit la maladie. En France un IAH > 30 donne accès au traitement recommandé, la pression positive continue (PPC). Le SAOS non traité augmente significativement le risque cardiovasculaire et neurocognitif.

La PSG, gold standard diagnostique n'est malheureusement pas réalisable dans des délais raisonnables à l’échelon épidémiologique.

Le Dr P. Balagny (Hôpital Bichat, Paris) présente les résultats d’une vaste enquête évaluant les caractéristiques actuelles du SAOS par analyse des données de la cohorte CONSTANCES qui inclut des volontaires âgés de 18 à 69 ans vivant dans 21 départements métropolitains français. Les données relatives au SAOS ont été colligées en 2013-2014 et actualisées en 2017, regroupant 20 151 participants.

Le SAOS était considéré comme présent dans 2 situations : soit le sujet était traité par PPC (3,5 % des cas), soit le plus souvent le sujet déclarait un résultat significatif au questionnaire de Berlin (QB). Le QB évalue 10 critères incluant le ronflement, l'hypersomnolence, l’indice de masse corporelle (IMC, obésité si valeur > 30 kg/m²) et l’HTA avec une sensibilité de l’ordre de 80 % (2).

Données établies sur un questionnaire déclaratif

Les résultats sont présentés en % (intervalle de confiance à 95 %). La fréquence de la maladie est plus basse chez la femme que chez l'homme : 18 % (16,8 – 19,3) contre 20,2 % (18,9 – 21,6 %) (p < 0,001). La prévalence de la maladie augmente avec l'âge (p < 0,001) : 11,1 % (< 40 ans), 19,1 % (40-49 ans), 25 % (50-59 ans), 31,3 % (> 60 ans). Un niveau d’éducation bas multiplie le risque de SAOS par 2,5 et une dépression ou une faible activité physique (AP) par plus de 2.

En comparaison avec l’étude de C. Fuhrman (2008) sur le même sujet, ronflement et hypersomnolence ont augmenté respectivement de 30 % et 12 % à 37 % et 14,6 % dans le présent travail. L'hypersomnolence est plus fréquente chez la femme que chez l'homme (18 % contre 11 %, p < 0,001) probablement du fait d’une sous-déclaration des symptômes. Les auteurs concluent que le SAOS est sous-diagnostiqué puisque 18,1 % des sujets sont considérés comme à haut risque de SAOS alors que 3,5 % de la population seulement est appareillée par PPC.

On rappellera que le risque élevé de SAOS était établi par le QB, simple questionnaire déclaratif sans recours à la PSG chez 96,5 % des sujets. Les auteurs évaluent enfin que presque 20 français sur 100 sont à risque élevé de SAOS alors qu’à peine 4 sur 100 sont traités. Le facteur de risque « classique » qu’est l'obésité s’additionne aux facteurs de risque supplémentaires que sont le faible niveau d’AP, la dépression et de mauvaises conditions socio-économiques.

Dr Bertrand Herer

Références
(1) Balagny P, et al. Prevalence, treatment and determinants of Obstructive Sleep Apnea and its symptoms in a population-based French cohort. ERJ Open Res 2023; in press doi.org/10.1183/23120541.00053-2023.
(2) Netzer NC, et al. Ann Intern Med. 1999;131(7):485-91. doi: 10.7326/0003-4819-131-7-199910050-00002. PMID: 10507956.

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Vos réactions (2)

  • Sahos

    Le 22 mai 2023

    Article sans grand interêt : être a risque ne veut pas dire être malade.
    Et puis quel seuil retenir pour traiter un SAHOS si il est asymptomatique (sde, fatigue) ? Ce n’est pas clair…

    Dr C Bretelle

  • Salut Dr Knock

    Le 28 mai 2023

    Une publication qui prétend faire le diagnostic de SAOS sur le simple questionnaire de Berlin dans la quasi-totalité des cas.
    Ce n'est pas sérieux.
    Regardez le questionnaire de Berlin, dès lors que vous répondez "oui" à la première question: "ronflez-vous". Bon courage pour les questions suivantes (2 à 5) si vous arrivez à y répondre !
    Le diagnostic de SAOS est posé après enregistrement du sommeil, et non pas après questionnaires hautement subjectif. Ces questionnaires de Berlin comme le questionnaire de somnolence d'Epworth ne servent qu'à sélectionner les patients pour lesquels nous demandons un enregistrement objectif.
    Dans beaucoup de cas, selon mon expérience, le résultat final est négatif c'est à dire : pas d'apnée du sommeil ou une apnée du sommeil modérée.
    "Les auteurs évaluent enfin que presque 20 français sur 100 sont à risque élevé de SAOS alors qu’à peine 4 sur 100 sont traités". Cela suggère que 20 % des français devraient être traités !
    Risque élevé et maladie avérée ce n'est pas la même chose.
    Et je suis effaré par le nombre de demandes d'enregistrements du sommeil pour des patients "à risque" par les spécialistes (cardiologues...) sans aucune raison autre que leur maladie cardiaque et sans aucune discrimination a priori.
    Le Dr Knock a de beaux jours devant lui.

    Dr T Heimburger

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