Violences et burn-out : les soignants face à tous les dangers

Paris, le lundi 21 novembre 2022 – Deux sondages menées par le collectif Santé en danger démontrent l’ampleur des souffrances endurées par les soignants.

Créé en juillet 2020 par le Dr Arnaud Chiche pour dénoncer les insuffisances des accords de Ségur pris à la sortie du premier confinement, le collectif Santé en danger, qui regroupe professionnels de santé mais également syndicalistes, présidents d’associations et hommes politiques, met en avant depuis deux ans les grandes difficultés du personnel soignant. A travers deux enquêtes menées début septembre auprès de ses membres et dont les résultats viennent d’être publiés, le collectif souligne encore un peu plus la situation de détresse que connaitraient de nombreux professionnels de santé.

Le premier sondage concerne la souffrance au travail et l’épuisement professionnel (ou burn-out) et les résultats sont édifiants : 98,4 % des répondants affirment rencontrer des difficultés sources de souffrance. Surtout, 77,9 % des professionnels de santé interrogés disent avoir été diagnostiqués comme souffrant d’un burn-out, dont 34 % ont dû bénéficier d’un arrêt de travail et 12,8 % ont finalement changer de voie professionnelle. Des chiffres qui s’aggravent par rapport à un sondage identique réalisé par le même collectif en janvier 2021. Ils sont ainsi 71,3 % à envisager une reconversion professionnelle, contre 67,1 % en 2021.

98 % des soignants victime de « violences » !


24 % des professionnels de santé ayant répondu à l’enquête disent être suivi par un médecin pour gérer leur stress et leur anxiété professionnel et 16,6 % prennent un traitement, 8,8 % ressentent des idées suicidaires. La santé mentale des soignants ne semble pas en voie d’amélioration, puisque 98,2 % des répondants estiment que leur souffrance au travail a augmenté ces deux dernières années et ce malgré la fin de la crise sanitaire.

L’autre enquête menée par le collectif Soignants en danger révèle des résultats encore plus inquiétants, puisqu’il en découle que 97,6 % ont été victimes de violences. Certes, la définition de violences retenue par les auteurs du sondage est très large, puisqu’elle comprend les simples provocations. Mais même en s’en tenant à une conception plus stricte, les données sont éloquentes : 59,5 % des soignants indiquent avoir été insultés par des patients et 16,1 % menacés de mort.

La violence peut également venir de l’intérieur même de l’hôpital, puisque 4,4 % des répondants ont été victimes de violences physiques de la part d’un collègue. Fort heureusement, les faits graves sont rares : seulement 0,8 % des personnes interrogées ont subi une violence avec arme et 0,7 % une agression sexuelle.

Emmanuel Macron reconnait les lacunes du Ségur


Notons tout de même que ces deux enquêtes présentent quelques biais qui conduisent à prendre ces résultats avec précaution. Tout d’abord, les répondants ne sont pas parfaitement représentatifs du personnel soignant, puisque plus de 90 % sont des femmes et plus de 50 % des infirmières. De plus, on peut supposer que les soignants victimes de violence ou de burn-out sont plus enclins d’adhérer au collectif et donc de répondre à ces sondages. Il n’empêche que ces enquêtes montrent à tout le moins que les soignants sont sujets à de nombreuses causes de stress et d’anxiété.

Dans le sillage de ces deux enquêtes, le collectif Santé en danger a adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, Elisabeth Borne et François Braun pour leur demander de leur « redonner confiance et envie de continuer notre métier » et de « transformer toute l’offre de soins ». Plusieurs pistes y sont évoquées pour améliorer les conditions de travail des soignants, tels que l’intégration des primes dans le salaire de base, la réforme de la gouvernance des hôpitaux ou encore la revalorisation des consultations pour les médecins de ville.

Lors d’une interview télévisée le 26 octobre dernier, le Président de la République avait d’ailleurs reconnu que « les conditions de travail à l’hôpital n’avaient pas assez changé malgré le Ségur ». Tout le monde semble donc d’accord sur le constat d’une crise systémique de l’hôpital public et de conditions de travail éprouvantes.

Reste à se mettre d’accord sur les solutions.

Grégoire Griffard

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