C’est un dicton américain, totalement inconnu en France et qui en dit long sur la différence entre les études médicales françaises et sur la philosophie qui prévaut outre-atlantique. « Jamais la première fois avec un patient » assène-t-on aujourd’hui de plus en plus souvent aux carabins des facultés américaines : pour faire leurs armes, les jeunes externes doivent d’abord s’entraîner sur des mannequins qui en dehors de la rigidité de leur peau n’ont rien à envier aux vrais patients ! Ces "malades" sont en effet connectés à des simulateurs informatiques qui permettent de donner naissance à de très nombreuses situations médicales auxquelles les étudiants sont confrontés dans des conditions qui miment parfaitement la réalité de l’univers hospitalier. L’efficacité d’un tel apprentissage apparaît tel qu’aujourd’hui aux Etats-Unis certaines compagnies refusent d’assurer les praticiens qui n’auraient pas d’abord commencé par s’entraîner sur ce type de dispositif. « Des études ont prouvé que des étudiants ayant bénéficié de la simulation gagnent un an sur ceux passés par l’apprentissage traditionnel. Aux Etats-Unis, les taux de maladies nosocomiales et d’infections ont chuté depuis l’introduction de cette méthode » confirme le professeur Daniel Benchimol, doyen de la faculté de médecine de Nice. Un apprentissage plus complet Grâce au partenariat entre l’université de Nice-Sophia Antipolis et Harvard Medical International, la faculté française des Alpes maritimes est la première à se doter en France d’un centre de simulation médicale à l’image de ceux qui fleurissent aux Etats-Unis. Ce centre qui a été inauguré le jeudi 15 mai par le maire de la ville Christian Estrosi et qui fonctionne depuis quelques jours a bénéficié des subventions du conseil général à hauteur de 500 000 euros pour un coût total d’un million d’euros. Il se compose de quatre salles, dont trois sont dédiées à l’apprentissage des gestes d’urgence et une à la chirurgie. Dans cette dernière, on retrouve quatre simulateurs, qui fonctionnent sur le modèle des simulateurs de vol : ils permettront par exemple aux étudiants de se familiariser avec la gestion des dispositifs veineux. Les mannequins et les simulateurs sont « contrôlés » par une équipe d’enseignants qui opèrent dans une pièce séparée du reste du centre par une glace sans tain. Grâce à leurs ordinateurs, ils peuvent mettre au point les scénarios, simuler n’importe quelle situation et prêter leurs voix aux faux patients : c’est eux que les futurs médecins entendent lorsqu’ils interrogent les mannequins ! Les professeurs se prêtent d’ailleurs de très bonne grâce à l’exercice. « Aïe ! ça fait mal, j’ai des nausées est-ce que c’est normal ? » demande ainsi avec un ton affolé le professeur Fournier à une étudiante, étonnée par le réalisme de la situation. Plus sérieusement le professeur Fournier vante ce modèle en expliquant : « L’idée est d’améliorer le raisonnement clinique des étudiants en les confrontant à des situations très proches de la réalité, comme ça se passe dans la vraie vie » explique-t-il cité par Nice Matin. « La simulation nous offre un apprentissage beaucoup plus complet que les stages durant lesquels les étudiants peuvent ne jamais rencontrer telle ou telle pathologie » confirme le professeur Benchimol.
Visite du premier centre universitaire de simulation médicale français
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