
Une formation spécifique exigeante pour intégrer la profession
Pour rejoindre la profession d’infirmier en pratique avancée, les infirmiers doivent suivre une formation spécifique de deux ans, reconnue au grade de master et sanctionnée par un diplôme d’État. Cette formation est fondée sur 120 ECTS** d’enseignement, soit 3600 heures d’enseignement. Ouverte à tous les infirmiers en soins généraux exerçant depuis au moins 3 ans, elle est proposée dans plusieurs domaines : l’oncologie-hématologie, la néphrologie, la dialyse et la maladie rénale chronique, la psychiatrie et la santé mentale, les pathologies chroniques stabilisées, la prévention des polypathologies courantes en soins primaires, et enfin l’urgence. Ce sont des maladies qui touchent des patients au parcours souvent complexes, et face auxquelles les médecins sont souvent seuls. Ils auraient pourtant besoin, avec leurs patients, d’un soutien de professionnels soignants aguerris et bien formés.Un accès à la formation diversifié
Toutes les régions proposent désormais une offre de formation pour répondre aux enjeux de formation en pratique avancée. À ce jour, 27 universités sont accréditées et les territoires ultra marins devraient venir compléter rapidement l’offre de formation.La diversité des offres universitaires permet à chacun de s’engager selon ses possibilités, à temps plein ou à mi-temps. L’accompagnement financier est assuré, selon les situations, par divers organismes dont les ARS, Pôle emploi, les opérateurs de compétences (OPCO), les établissements de santé, le fonds interprofessionnel de de formation des professionnels libéraux (FIFPL).
Une formation encore mal soutenue
Quand les infirmiers en pratique avancée ont commencé leur nouvelle activité à l’été 2019, l’objectif était de former 5 000 IPA avant 2022. A l’été 2022, les IPA seront 1700 diplômés. Nous sommes donc encore loin du compte ! La bonne idée de la pratique avancée est encore à concrétiser. Le manque de moyens ne rend pas très attractive la profession même si le rêve d’exercer le soin de cette manière est attirant pour des soignants en quête de sens. Il est indispensable de mener plusieurs actions conjointes pour réussir le pari de la pratique avancée. Tout d’abord, il serait utile d’accompagner chaque étudiant dans son projet professionnel. Ensuite, il conviendrait de favoriser le recrutement d’IPA par des rémunérations attractives. Dans le secteur libéral, les revenus espérés sont nettement insuffisants et ne permettent pas de vivre décemment. Or, pour paraphraser Sénèque, « il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ». Actuellement, les infirmiers libéraux hésitent à rejoindre la formation car les aides financières ne couvrent que très partiellement la perte de revenu subie pendant la formation. Et pourtant, la mixité d’hospitaliers et de libéraux est une richesse qu’il nous faut favoriser.Primo prescription et accès direct
Ensemble
*Décret n° 2018-633 du 18 juillet 2018 relatif au diplôme d’État d’infirmier en pratique avancée
** ECTS : European Credit Transfer and accumulation sont des unités d’enseignement