Paris, le jeudi 23 décembre 2021 – Dans une lettre ouverte au
ministre de la Santé, des étudiants en santé et des associations
alertent sur les « violences médicales » dont ils sont
témoins.
Quelques semaines après la révocation du professeur Emile
Darai, chef du centre d’endométriose de l’hôpital Tenon à Paris qui
fait l’objet de plusieurs plaintes pour viol de la part de ses
patientes, la dénonciation des violences sexistes à l’hôpital prend
de l’ampleur. France info publie ce vendredi une lettre ouverte au
ministre de la Santé Olivier Véran et au ministre de l’Enseignement
supérieur Frédérique Vidal signée par huit associations ou
syndicats regroupant plus de 1 000 étudiants en médecine qui
entendent « dénoncer et rompre avec un système médical
oppressif, obsolète et violent, qui protège les médecins agresseurs
et refuse de se remettre en question ».
Selon les auteurs de cette tribune, les autorités médicales n’en
font pas assez pour combattre les « violences médicales »
commises sur les patients ou les médecins. Ils dénoncent une sorte
d’omerta favorisée par l’esprit de corps et la forte hiérarchie
existante dans le monde médical. « Ce système de compagnonnage
rend tout avis divergent difficilement formulable, par pression
pour les postes ou par contrainte des médecins dépositaires des
postes de pouvoir » peut-on lire dans la tribune.
Repenser la relation médecin-patient
A en croire ces futurs médecins très militants, c’est toute la
relation entre les médecins et les patients, trop paternalistes à
leur sens, qui doit être remises à plat. « Nous sommes
convaincu.e.s de l’importance d’une relation soignant.e-soigné.e
plus égalitaire » expliquent les étudiants (NDLR :
l’utilisation de l’écriture inclusive est le choix des signataires
de la tribune et non du rédacteur de l’article). « Notre savoir
et notre expertise de soignant.e.s ne légitiment en rien des
attitudes violentes ni des propos racistes, sexistes, homophobes,
validistes, classistes, grossophobes ou transphobes » (tout y
passe).
Les auteurs demandent donc que les étudiants mais également les
médecins titulaires soient mieux formées aux notions de «
bientraitance et de consentement aux soins » et aux «
bonnes pratiques pour limiter les violences et les
discriminations médicales ». Ils demandent également aux
facultés de médecine « plus de transparence et de communication
au sujet des différentes enquêtes internes » qui, selon eux, se
déroulent à huis clos sans participation des étudiants ou des
patients.
Ne pas jeter l’esprit carabin avec l’eau du bain
Sujet plus polémique, la tribune dénonce également l’esprit
carabin qui règne chez les étudiants en médecine et qui créerait
une ambiance propice à des comportements inappropriées. « La
remise en question ne doit pas nous épargner » souligne les
auteurs de de la lettre. Une prise de position qui intervient
quelques semaines après que le tribunal administratif de Toulouse,
saisi par l’association « Osez le féminisme », ait ordonné
le retrait en urgence d’une fresque jugée pornographique sur un mur
du réfectoire de l’internat du CHU de Purpan. Une décision qui
avait fait polémique, certains médecins et étudiants craignant que
l’esprit carabin ne soit sacrifiée sur l’hôtel du politiquement
correct.
Sans doute faut-il veiller à ne pas tout mélanger et éviter qu’au
nom de la lutte nécessaire et bienvenue contre les violences et
discriminations sexistes, on ne vienne à stigmatiser des traditions
somme doute inoffensives.
"Sans doute faut-il veiller à ne pas tout mélanger et éviter qu’au nom de la lutte nécessaire et bienvenue contre les violences et discriminations sexistes, on ne vienne à stigmatiser des traditions somme doute inoffensives."
Vous est-il déjà arrivé de vous retrouver, masqué.e puisqu'en pleine séance d'hémodialyse avec le champ stérile du cathéter fémoral ouvert en raison d'une voie obstruée, de devoir tenir le regard du réanimateur, lequel vous demande si, en manoeuvre de désobstruction, vous avez "bien pompé, vraiment bien pompé?"?
Je pense qu'il y a de nombreuses personnes qui remettent en cause ce genre d'attitudes, de réflexions, remarques. Et qu'il est temps de les entendre. Que ce soit les patient.e.s, les soignant.e.s ou les professionnel.le.s de santé dite médicale.
"Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité."