
En Corée, 4 % des enfants présenteraient ce trouble, et ils seraient 1 à 9 % en Europe, 1 à 12 % au Moyen Orient et 2 à 18 % en Asie. Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution, tant il est vrai qu’ils varient beaucoup selon les enquêtes et que les recherches sur le sujet n’en sont qu’à leurs débuts. Le débat en est encore parfois à savoir si l’addiction à internet existe vraiment et si elle constitue une véritable entité. Il se pourrait pourtant qu’elle fasse partie de la prochaine classification DSM-V.
Selon le Dr D. Christakis, du Seattle Children’s Research Institute, tous les ingrédients de l’addiction sont en effet présents : le temps consacré à y penser, l’incapacité à gérer sa consommation et les tentatives infructueuses pour la réduire, l’existence d’un syndrome de sevrage, un temps passé devant l’écran plus grand que prévu ou que souhaité, l’abandon des activités sociales ou culturelles jusqu’à la mise en danger de son emploi, et le mensonge concernant l’utilisation abusive.
D’aucuns objectent qu’il n’est pas justifié de comparer l’addiction aux jeux en ligne aux autres addictions. Il lui manquerait en effet d’être réprouvée par la société. La plupart des autres addictions comportent ce côté réprobation, que ce soit l’usage abusif de l’alcool, de drogues, des jeux d’argent et de plus en plus du tabac. Concernant internet, le chat, les messageries instantanées ou la navigation sur le web non seulement sont parfaitement tolérées, mais parfois même encouragés, comme par la promotion des réseaux sociaux.
Le Dr Christakis dénonce une certaine complaisance vis-à-vis de ce trouble du comportement, complaisance souvent faite d’ignorance ou encore de septicisme concernant ses effets néfastes. Un effort de recherche doit être entrepris selon lui, qui permettrait une définition claire de l’addiction à internet, applicable aux enfants et aux adolescents. Les axes de recherche devraient aller dans le sens d’une meilleure compréhension des modes d’utilisation d’internet les plus à risque, et particulièrement les jeux vidéos, dont les concepteurs rivalisent d’ingéniosité pour créer l’addiction. Une stratégie de prévention enfin devrait être mise en place pour repérer les enfants les plus à risque et les protéger.
Dr Roseline Péluchon