L’addiction à internet : le mal du 21ème siècle ?

Lee Seung Seop aura connu une gloire très éphémère. Ce jeune coréen de 28 ans est mort subitement dans un cyber café après avoir joué sur internet pendant 50 heures d’affilée sans manger ni boire. Triste record, mais qui pose à nouveau le problème de l’addiction à internet.
En Corée, 4 % des enfants présenteraient ce trouble, et ils seraient 1 à 9 % en Europe, 1 à 12 % au Moyen Orient et 2 à 18 % en Asie. Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution, tant il est vrai qu’ils varient beaucoup selon les enquêtes et que les recherches sur le sujet n’en sont qu’à leurs débuts. Le débat en est encore parfois à savoir si l’addiction à internet existe vraiment et si elle constitue une véritable entité. Il se pourrait pourtant qu’elle fasse partie de la prochaine classification DSM-V.

Selon le Dr D. Christakis, du Seattle Children’s Research Institute, tous les ingrédients de l’addiction sont en effet présents : le temps consacré à y penser, l’incapacité à gérer sa consommation et les tentatives infructueuses pour la réduire, l’existence d’un syndrome de sevrage, un temps passé devant l’écran plus grand que prévu ou que souhaité, l’abandon des activités sociales ou culturelles jusqu’à  la mise en danger de son emploi, et le mensonge concernant l’utilisation abusive.
D’aucuns objectent qu’il n’est pas justifié de comparer l’addiction aux jeux en ligne aux autres addictions. Il lui manquerait en effet d’être réprouvée par la société. La plupart des autres addictions comportent ce côté réprobation, que ce soit l’usage abusif de l’alcool, de drogues, des jeux d’argent et de plus en plus du tabac. Concernant internet, le chat, les messageries instantanées ou la navigation sur le web non seulement sont parfaitement tolérées, mais parfois même encouragés, comme par la promotion des réseaux sociaux.

Le Dr Christakis dénonce une certaine complaisance vis-à-vis de ce trouble du comportement, complaisance souvent faite d’ignorance ou encore de septicisme concernant ses effets néfastes. Un effort de recherche doit être entrepris selon lui, qui permettrait une définition claire de l’addiction à internet, applicable aux enfants et aux adolescents. Les axes de recherche devraient aller dans le sens d’une meilleure compréhension des modes d’utilisation d’internet les plus à risque, et particulièrement les jeux vidéos, dont les concepteurs rivalisent d’ingéniosité pour créer l’addiction. Une stratégie de prévention enfin devrait être mise en place pour repérer les enfants les plus à risque et les protéger.

Dr Roseline Péluchon

Référence
Christakis DA : Internet addiction : a 21st century epidemic? BMC Medicine 2010 ; 8 : 61 doi:10.1186/1741-7015-8-61.

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Vos réactions (2)

  • Sommeil

    Le 02 novembre 2010

    Savez-vous de quoi est mort ce jeune homme ?
    Comment a-t-il pu résister au manque de sommeil ?
    Merci !

    Dr Philippe Guérin
    67500 Haguenau

  • Le "fourre tout" des addictions

    Le 14 février 2011

    Le débat des addictions à Internet s'élargit à toutes les addictions aux substances, non seulement légales comme le tabac, l’alcool qui quoique toxiques sont vendues, mais aussi aux addictions illégales comme celles aux opiacés, à la cocaïne, la morphine, la codéine.
    Plus encore il s'élargit aux addictions avec substances non dangereuses comme la caféine, la théophylline, la théobromine (le chocolat) et aussi celles aux épices et au gingembre, sans encore compter les boulimies.

    Restent l’immense problème des mauvaises habitudes dénommées à tort selon moi "addictions sans substances "comme celles que traite le Professeur V...... Directeur du Pôle universitaire d’addictologie et de psychiatrie du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes.

    Les addictions aux substances dangereuses se divisent, d’une part en addictions aux drogues, et d’autre part aux abus médicamenteux.
    S’y ajoutent maintenant les conduites excessives aux jeux de hasard, l’addiction (sic) à Internet, l’addiction au porno, et on pourrait continuer avec le voyeurisme, l’exhibitionnisme, le sadomasochisme etc. etc.

    Ces comportements ont, ainsi, été rapprochés par certains médecins des addictions aux substances.
    Est-il justifié de les dénommer ainsi addictions alors que le corps n’est pas concerné ne donnant lieu à aucune prise de sang, à aucune mesure dans l’urine, à aucune substitution ?
    Les substances des addictions vraies produisent ce qu’il est convenu de dénommer « le manque » avec des signes spécifiques et corporels du manque.

    Certains ont, trop vite à mon goût, déduits que le manque était un manque d’amour, un manque d’argent, un manque de respect, que sais-je ?
    Alors que ce n’est que le manque de la possibilité de s’incorporer une substance, le sédatif n’étant qu’un vague substitut de la substance.
    Existe-t-il un manque avec des signes cliniques dans l’addiction aux jeux de casino ?
    Est-elle, en ces cas, capable, comme les toxicomanes, de délinquance, voire de tuer pour se procurer une entrée au casino ou son accès au cybercafé ?

    Ces personnes atteintes de conduite excessives ou impulsives ont-elles comme les toxicomanes un accès facile à d’autres addictions si mon met de coté le tabac qui hantait tous les casinos ?
    Est-il justifié de les hospitaliser ou de les voir en consultations dans des lieux communs où ils peuvent échanger des pratiques ; ce qui a fait apparaître les addictions à plusieurs substances ?

    Le danger de voir ces personnes se contaminer les unes les autres me semble trop grand.
    Quels sont, en dehors des aveux subjectifs des personnes qui se disent atteintes de conduites excessives, des moyens de vérifier la situation de façon objective ? On peut mesurer l’alcoolémie, les opiacés dans les urines, doser les médicaments ; mais que peut-on faire pour passer des déclarations aux preuves ?

    Quels sont les points cliniques qui rassemblent sous un ensemble identique des comportements aussi différents que les conduites excessives au jeu, les besoins d’aller sur les réseaux sociaux, l’impulsion de regarder du porno, les achats impulsifs en cas de soucis conjugaux ?

    Docteur Jean Doremieux

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