Parmi les facteurs de risque des troubles du spectre autistique (TSA), l’origine géographique des parents semble jouer un rôle significatif, certaines formes d’autisme concernant plutôt les enfants de migrants, alors que d’autres (autisme de haut niveau) seraient au contraire plus fréquentes chez les enfants de parents originaires du même pays.
Portant sur plus de 100 000 naissances d’enfants nés aux Pays-Bas entre 1998 et 2007, une étude rétrospective vise à préciser ce risque de TSA dans une cohorte d’enfants nés de parents immigrés, comparativement aux enfants nés de parents non immigrés. Cette étude a recensé 518 cas de TSA dont 150 enfants atteints d’autisme proprement dit et 368 enfants atteints du syndrome d’Asperger ou d’un TEDNAS (trouble envahissant du développement non autrement spécifié, Pervasive Developmental Disorder Not Otherwise Specified).
Les enfants nés de migrants en provenance de pays en développement avaient un risque significativement plus faible de TSA que les enfants de parents d’origine hollandaise (rapport de taux = 0,6 ; intervalle de confiance à 95 % [0,5–0,9]). Dans le groupe avec syndrome d’Asperger ou TEDNAS, le risque se révèle aussi réduit (rapport de taux = 0,4 ; intervalle de confiance à 95 % [0,3–0,6]), alors que pour l’autisme proprement dit, ce risque n’est que légèrement et non significativement augmenté (rapport de taux = 1,4 [0,9–2,4], intervalle de confiance à 95 %). Quant à l’âge au diagnostic, il n’est pas différent pour les enfants de migrants et les autres.
En conclusion, les auteurs confirment que leur étude fait ainsi “ écho à des recherches suédoises suggérant une inversion du gradient de risque chez les enfants de parents originaires de pays en développement ”, en particulier une diminution du risque d’autisme de haut-niveau (syndrome d’Asperger), mais un “ risque accru pour l’autisme de bas niveau ”. En revanche, dans la mesure où “ l’âge au moment du diagnostic s’est révélé similaire ” (en matière de TSA), cette nouvelle étude ne confirme pas “ la notion voulant que les enfants nés de parents immigrés seraient diagnostiqués moins souvent ” ou plus tard. Il est aussi possible que la plus grande fréquence du syndrome d’Asperger et des TEDNAS chez les enfants nés de parents non immigrés résulte en partie d’un surdiagnostic de ces troubles dans cette population et/ou de leur “ sous-estimation artificielle parmi les enfants de migrants.”
Dr Alain Cohen