
Paris, le jeudi 12 juillet 2007 – L’impossibilité de bénéficier du tiers payant en pharmacie en cas de refus de substitution d’un médicament princeps par un générique ne représente-t-elle pas dans des cas précis un risque pour certains malades ? A l’heure où les génériques sont considérés comme une panacée économique, n’ayant aucune influence néfaste sur la santé, les neurologues pourraient remettre en cause cette belle certitude.
L’Assurance maladie n’a pas peur du tout générique
En novembre 2006, dans sa « Lettre aux hospitaliers », l’Assurance maladie avait souhaité rappeler à ces praticiens leur rôle essentiel concernant la progression des médicaments génériques. L’accent avait été notamment mis sur les produits indiqués contre l’épilepsie. L’Assurance maladie indiquait en effet que les molécules mises en avant avaient été choisies « parce qu’elles appartiennent à une classe thérapeutique dont le poids est non négligeable dans les prescriptions hospitalières. C’est le cas des anti-épileptiques » ajoutait-elle « prescrits à hauteur de 23 % par les praticiens hospitaliers ». A l’heure de recevoir cette missive directive, les neurologues hospitaliers prenaient sans doute également connaissance d’un communiqué de l’American Academy of Neurology (AAN), datant également de novembre 2006. L’institution qui représente à travers le monde plus de 19 000 neurologues mettait en effet en garde contre les dangers d’une substitution aveugle des médicaments princeps par les médicaments génériques chez les patients atteints d’épilepsie. Rappelant que la Food and Drug Administration a elle-même admis l’existence de différences significatives entre les deux types de produits, l’AAN recommandait qu’aucun passage du traitement princeps au générique ne soit réalisé sans l’avis et l’accord du médecin traitant. La concomitance entre ces deux injonctions aura sans doute laissé perplexe un grand nombre de neurologues quant au bien fondé des recommandations de notre Assurance maladie nationale.
Récidive de crise
En ce 3 juillet, à la veille de l’annonce par le gouvernement de
la probable suppression du tiers payant en cas de refus de
substitution, la Ligue française contre l’épilepsie (LFCE) a choisi
de s’aligner sur les recommandations de l’AAN. Elle souligne
notamment dans son communiqué que les « normes de
bioéquivalence » admises pour les médicaments génériques «
sont trop larges en épileptologie » et rappelle que «
les test permettant aux médicaments génériques d’obtenir l’AMM
ne démontrent pas leur équivalence en terme d’efficacité ou de
tolérance ». En outre, avant de recommander à son tour «
de ne pas substituer par des génériques dans le
traitement de l’épilepsie sans l’accord du médecin traitant, et du
patient, surtout chez les patients sans crise », la LFCE
indique que plusieurs observations, réalisées notamment en France,
mettent en avant des « expériences de récidives de crises et
d’apparition d’effets secondaires après substitution du médicament
princeps par un générique ». Semblant marquer sa désapprobation
face aux politiques prônant le tout générique, le communiqué
s’achève en rappelant que « La LFCE considère que l’autonomie
de prescription et l’accès libre aux traitements prescrits des
patients restent des principes de l’exercice de la médecine
».
A.H.