
Paris, le samedi 21 juillet 2012 – C’est une personnalité reconnue du monde médical et un spécialiste incontestable des questions d’éthique que le Président de la République, François Hollande a choisi pour présider une nouvelle commission de réflexion sur l’accompagnement de la fin de vie. Le choix du professeur Didier Sicard n’a cependant pas fait l’unanimité notamment auprès des partisans d’une dépénalisation de l’euthanasie, comme nous l’évoquions dans ces colonnes.
Le président d’honneur du comité consultatif national d’éthique serait en effet connu pour sa proximité avec la « théologie morale catholique » selon l’expression de Jean-Luc Romero président de l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Ces réticences se justifient-elles ? Difficile de se faire une opinion en lisant l’interview accordée au Monde par le premier intéressé. Il apparaît en effet que le professeur Didier Sicard est parfaitement conscient de la nécessité d’adopter une position de neutralité sur le sujet et de ne pas laisser ses propres convictions influencer le débat qu’il doit mener. « Mon avis n’a pas d’importance » assure-t-il ainsi soulignant qu’il n’a d’ailleurs pas de position « définitive » sur la question de la fin de vie.
La loi Leonetti est une grande loi
Tant mieux pourront souffler in petto ceux qui veulent que cette commission aboutisse à la dépénalisation de l’euthanasie. Car le sentiment de Didier Sicard sur le sujet même changeant ne semble guère profondément favorable à cette idée. Il souligne en effet que « depuis dix ans, je suis de plus en plus dubitatif sur la possibilité radicale de transgresser l’interdiction de donner la mort ». De même concernant la loi Leonetti, il remarque : « Je trouve que c’est une grande loi. Doit-elle être adaptée, je n’en suis pas sûr ». Néanmoins, comme il le souligne à plusieurs reprises, Didier Sicard a abandonné sur le sujet les convictions immuables. Il confie ainsi qu’il y a « certains jours » où il « trouve inacceptable que quelqu’un disant souhaiter en finir n’obtienne pas de réponse ». Par ailleurs, il rejoint les militants de l’ADMD sur plusieurs points et notamment sur la nécessité d’impliquer tous les Français, par exemple par la voie d’un référendum, sur le sujet. Ainsi, toujours à propos de la loi Leonetti, il note : « Il y aura peut-être nécessité de modifier un ou deux articles, mais pour cela, il faut d’abord recueillir l’avis des Français » après avoir affirmé : « Je vais chercher à tout prix à me tourner vers les citoyens ».
Aurélie Haroche