
Paris, le mardi 28 mai 2013 – Depuis quelques années, plusieurs enquêtes ont mis en évidence des résultats décevants (voire inquiétants) de la mortalité maternelle et infantile en France. Stagnation voir très légère dégradation des résultats et comparaisons étrangères peu favorables à la France se sont ainsi succédées depuis le début de la décennie. La dernière édition de l’enquête Euro-Peristat, coordonnée par l’INSERM et conduite dans 29 pays d’Europe n’offre guère l’occasion d'une réassurance. Ainsi, la France occupe une nouvelle fois, comme en 2003, le plus mauvais taux d’enfants nés sans vie, soit 9,2 décès pour 1000 naissances. Les comparaisons internationales sont cependant très difficiles en la matière en raison d’un recensement différent des décès : notre pays comptabilise en effet parmi les enfants nés sans vie, les interruptions médicales de grossesse (IMG). Or, la plupart des autres pays effectuent une véritable distinction et pratiquent en outre plus fréquemment des IMG avant 22 semaines de grossesse, stade avant lequel le fœtus n’est pas considéré comme un enfant sans vie.
Légère diminution de la mortalité néonatale
L’observation vaut également en ce qui concerne la mortalité néonatale. Notre pays occupe une décevante 17ème place parmi les états étudiés et présente un taux de décès de 2,3 pour 1000 naissances, quand les résultats des autres états varient entre 1,2 et 5,5. Là encore les méthodes de recensement peuvent différer entre les pays et fausser le jeu des comparaisons. En outre, on pourra se féliciter de constater que par rapport aux données publiées par le réseau Euro-Peristat en 2008, le taux Français a connu une évolution favorable passant de 2,6 décès avant le 27e jour sur 1000 naissances vivantes à 2,3.
Les mères toujours pas à la fête
Du côté des mères, au contraire, la situation pourrait avoir tendance à se détériorer. La dernière enquête Euro-Peristat estimait le nombre de décès maternel à 7,4 pour 100 000 naissances contre 8,4/100 000 pour la période 2006/2010. Si sur ce point encore, les comparaisons manquent de pertinence, on le sait il existe dans notre pays des marges d’amélioration importantes pour diminuer les morts évitables. On se souvient ainsi qu’en janvier 2010, le Comité national d’experts sur la mortalité maternelle (CNEMM) avait considéré que sur les 60 à 100 décès maternels recensés chaque année, une quarantaine pouvaient être considérés comme évitables. Parmi les manquements de la France, le CNEMM avait entre autres épinglé le nombre de décès par hémorragies obstétricales, première cause de décès dans notre pays et deux fois supérieur à celui observé en Outre-Manche.
Crise persistante de la périnatalité en France
Si l’objet premier de l’enquête Euro-Peristat, la comparaison entre les pays, n’est pas toujours parfaitement pertinente, en raison de la persistance de grandes différences dans le recensement des données et d’aléas dans la définition des items, elle permet tout au moins de mesurer les évolutions françaises. En la matière, il semble que les cris d’alarme lancés depuis plusieurs années par les spécialistes de la périnatalité n’aient été qu’imparfaitement entendus et qu’un véritable sursaut soit nécessaire pour permettre à la France de se hisser au même niveau que les pays du Nord.
Aurélie Haroche