Thyroïde : la rupture de stocks de Lévothyrox inquiète

Paris, le 8 août 2013 – Les réelles difficultés d’approvisionnement du médicament traitant l’insuffisance thyroïdienne inquiètent l’association française des malades de la Thyroïde (AFMT). Sa présidente, Chantal Lahoir demande dans une lettre adressée à la ministre de la Santé « d’agir au plus vite pour régulariser cette situation qui risque d’amener un mouvement de panique…»

En France, près de 3 millions de patients sont actuellement traités par Lévothyrox et cette molécule est la sixième la plus vendue. Dès le mois de juin 2013, le laboratoire Merck Serono qui la fabrique avait informé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) des difficultés d’approvisionnement de plusieurs dosages de Lévothyrox (lévothyroxine). Il avait alors engagé des actions afin d’accroître ses capacités de production, mais devant l’augmentation de la demande internationale, cela n’a pas suffi. Ce laboratoire est l’un des principaux fournisseurs dans le monde et  les laboratoires, Teva et BIogaran, qui fabriquaient des génériques ont arrêté leur production.

 « Effectivement, la demande a explosé, écrit Chantal Lahoir, présidente fondatrice de l’association des malades de la thyroïde, de 1 patient  traité sur 50 nous sommes passés à 1 sur 10 à  8, selon les régions, entre 1980 et 2010. Autrement dit un français sur huit est aujourd’hui tributaire de ce médicament pour sa survie. »
 
Toujours selon l’AFMT, les pharmacies ont ainsi de plus en plus de mal à s’approvisionner d’où le vent de panique qui commence à souffler à la fois chez les malades et dans certaines officines. Pénurie attendue également par le fait que la substitution par un générique ne serait pas souhaitée par nombre de patients : « les produits de substitution étant sous-dosés pour bon nombre d’entre nous » affirme-t-on également à l’AFMT.

Un système de dépannage d’urgence
Comme ces tensions d’approvisionnement pourraient se poursuivre dans les prochains mois, l’Agence nationale de sécurité du médicament annonce dans son point d’information que « la distribution de ces spécialités reste à ce jour contingentée et que si besoin, il sera fait appel à des importations de lévothyroxine.» De son côté, Merck Serono déclare « tout mettre en œuvre pour augmenter ses volumes de production sur son site allemand via une production ininterrompue 7 jours sur 7, 24h sur 24 ». Par ailleurs, le laboratoire met en place, en accord avec l’ANSM, un système de dépannage d’urgence (avec numéro vert dédié) en vue d’assurer la continuité des traitements et de parer à la rupture des stocks dans les pharmacies.
 
 Dans ce contexte, et à titre dérogatoire et temporaire, l’ANSM autorise « la substitution par les pharmaciens lorsque la mention « non substituable » figure sur l’ordonnance du patient et ce, dans le respect des mises en garde validées pour ces médicaments à marge thérapeutique étroite. Dans ce cas, le pharmacien est invité à en informer le prescripteur et à orienter les patients vers leur médecin traitant pour une consultation dans les 3 à 6 semaines suivant la délivrance du produit, afin qu’il s’assure du maintien de l’équilibre thérapeutique. Selon l’Agence, les stocks résiduels de Teva et Biogaran sont d’ores et déjà en cours de distribution.

Dominique Thibaud

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