Faut-il avoir une dent contre les amalgames au mercure ?

Paris, le vendredi 6 décembre 2013 – Les initiatives contre les amalgames dentaires au mercure se sont multipliées ces dernières années dans le monde. Au cours de la seule année 2013, plusieurs déclarations ont visé ces dispositifs. Ainsi, en janvier était signé un traité international prévoyant la mise en œuvre d’une série de mesures visant à faire disparaître les amalgames dentaires au mercure. Plus récemment, en octobre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’organisation non gouvernementale Health Care without Harm ont lancé une initiative commune visant à faire disparaître le mercure de tous les dispositifs médicaux de mesure d’ici 2020. Outre ces derniers, les projet de l’OMS et de l’ONG visent à « élaborer des mesures pour éliminer progressivement son utilisation dans les amalgames dentaires ».

Bannir le mercure partout, mais pas dans les bouches

En France, cependant, ces assauts répétés contre les amalgames dentaires au mercure laissent sans voix les pouvoirs publics par ailleurs si prompts à pointer du doigt n’importe quelle substance dont la dangerosité éventuelle est suggérée chez certains animaux. La nocivité du mercure n’est pourtant un secret pour personne et la France n’a pas été totalement inactive contre lui. Par exemple, le Plan national santé environnement 2 s’était fixé pour objectif une diminution de 30 % de l’exposition au mercure de la population d’ici 2013. Mais la poursuite de ce dessein ne passe apparemment pas par la diminution des amalgames dentaires au mercure.

Des alternatives pas parfaitement fiables

Le ministre de la Santé assure en effet sur son site internet qu’ « aucune étude scientifique rigoureuse n'a pu mettre en évidence des effets néfastes des obturations en amalgame sur l'état de santé général des patients » et encore que « rien ne permet d’affirmer aujourd'hui que les amalgames dentaires présentent un risque sérieux pour la santé de la population ». Il reprend sur ce point la position défendue par nombre de dentistes. Ces derniers considèrent que l’évocation d’un danger lié aux amalgames au mercure relève d’un « vieux fantasme » et en veulent pour preuve qu’on ne retrouve aucune « trace de mercure dans les urines et le sang » de ceux qui en portent. Par ailleurs, ils mettent en garde contre les alternatives existantes, tels les nouveaux produits à base de verre dit ionomères qui notent-ils sont plus difficiles à poser moins résistants à l’abrasion et très sensibles à l’humidité.

Les pays scandinaves encore une fois cités en exemple

Ces positions officielles n’ont pas empêché une nouvelle fois des élus écologistes de défendre hier l’adoption d’une loi visant l’élimination du mercure des plombages d’ici 2015. Le député européen Michèle Rivasi, la sénatrice Aline Archimbaud (Ensemble écologie les verts), le député Jean-Louis Roumegas (EELV) et des responsables du Réseau environnement santé (RES) proposent pour atteindre cet objectif de suspendre le remboursement par la Sécurité sociale des amalgames au mercure. Ils suivent en la matière l’exemple des pays scandinaves qui sont parvenus par cette voie à faire disparaître le mercure des bouches de leurs habitants. « Il est extrêmement choquant que la Sécurité sociale continue de rembourser un matériau dangereux pour l'environnement, la population et les praticiens » ont martelé les auteurs de cette proposition de loi.

Martine Pichet

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