
Paris, le mercredi 5 juillet 2017 – Au cours de la campagne électorale, certains avaient regretté ou moqué (notamment dans les premières heures) l’absence de prise de position tranchée d’Emmanuel Macron sur de nombreux sujets. Si l’on pouvait se féliciter que l’analyse proposée n’élude pas la complexité des enjeux, il était parallèlement redouté que cette posture empêche des actions rapides. Ainsi, en ce qui concerne la vaccination, les réponses de Jérôme Salomon à notre question, destinée à déterminer si Emmanuel Macron était favorable à l’extension de l’obligation vaccinale, ne nous avaient pas offert d’orientation claire. Tout laissait penser que de nouvelles commissions soient nommées et d’autres rapports commandés.
De nouvelles règles dès 2018
Pourtant, les premières déclarations d’Agnès Buzyn avaient laissé entrevoir une méthode différente. Le ministre a ainsi clairement affiché sa position sur le sujet, quand Marisol Touraine a toujours préféré convoquer de multiples comités (sans cependant toujours suivre leur avis !). Hier, ce fut au tour du Premier ministre Edouard Philippe de se prononcer sans détour : il a annoncé que dès l’an prochain, « les vaccins pour la petite enfance qui sont unanimement recommandés par les autorités de santé deviendront obligatoires ». Le stade des discussions est donc dépassé.
Un discours concentré sur l’enjeu de santé publique
S’il ne les a pas énumérés, Edouard Philippe fait sans doute allusion aux huit pathologies ou agents infectieux contre lesquels la vaccination est aujourd’hui recommandée (qui s’ajouteraient aux trois valences obligatoires, diphtérie, tétanos, poliomyélite). Il s’agit de la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, la bactérie Haemophilus influenzae, le pneumocoque et le méningocoque C.
Le Premier ministre a souligné que cette décision s’imposait notamment en raison du contexte épidémiologique inquiétant et à certains égards scandaleux. « Des maladies que l'on croyait éradiquées se développent à nouveau sur notre territoire, des enfants meurent de la rougeole aujourd'hui en France... Dans la patrie de Pasteur, ce n'est pas admissible » a déploré Edouard Philippe .
En attendant la bronca des anti-vaccins
Par ailleurs, ce choix permet au gouvernement de répondre à l’injonction du Conseil d’Etat qui il y a quelques mois a sommé la France de mettre à disposition un vaccin permettant de ne se conformer qu’aux seules obligations vaccinales (sans y ajouter celles qui ne sont que recommandées). En élargissant le champ de l’obligation, les pouvoirs publics trouvent une parade qui avait été suggérée par les magistrats.
Les contestations de ceux qui ne reconnaissent pas les bénéfices de la vaccination, voire sont convaincus que ses risques dépassent ses atouts, devraient être nombreuses. Il faut ici peut être rappeler que certains partisans des vaccins jugent également que l’obligation n’est pas la mesure adaptée pour restaurer la confiance.
Mais ce n’est pas sur ce terrain que le Premier ministre s’est placé mais sur la nécessité de répondre au devoir de protection de la population.
Aurélie Haroche