Pour diminuer le risque de chutes chez le sujet âgé

Chez le sujet âgé, les chutes volontiers itératives ont des conséquences majeures en termes de morbidité et de dépenses de santé. Elles sont à l’origine de 10 % des consultations aux urgences et de 6 % des hospitalisations, chez les sujets âgés de plus de 65 ans. Elles jouent, de fait, un rôle considérable dans la dégradation des capacités fonctionnelles, avec en corollaire le placement en maison de retraite et la diminution des activités.
Le risque de chutes augmente tout particulièrement après l’âge de 70 ans, sous l’influence de plusieurs facteurs, tels l’hypotension orthostatique, la prise excessive de divers médicaments,   notamment antidépresseurs, ou psychotropes, le déclin cognitif, les troubles de la vision, de l’équilibre et de la marche, sans oublier la diminution de la force musculaire. Ce risque augmente avec le nombre des facteurs précédents. Des essais randomisés en bonne et due forme ont pourtant démontré l’efficacité de certaines stratégies visant à prévenir ces chutes, au travers de l’association de plusieurs mesures pour la plupart très pragmatiques. Il semble que leurs résultats soient restés lettre morte dans la pratique courante, en dépit des exhortations générales émanant des médecins, des soignants, des assureurs et des groupes impliqués de loin ou de près dans la prise en charge de ces malades. C’est le cas, par exemple, d’une association du Connecticut, la CCFP (Connecticut Collaboration for Fall Prevention) qui incite à transposer dans la pratique médicale courante les mesures préventives, dont l’efficacité a été établie par les essais contrôlés précédemment évoqués.
Cette association a diligenté une étude non contrôlée, de type pragmatique, qui a comparé les pratiques médicales, au sein de deux régions, l’une, le Connecticut dans laquelle les médecins ont été sensibilisés à la prévention des chutes du sujet âgé (> 70 ans), l’autre dans laquelle la prise en charge médicale s’est résumée aux mesures usuelles.

Les interventions médicales (2001-2004) ont consisté à évaluer le risque de chutes et à adopter des stratégies préventives adaptées, telles la diminution des prescriptions de certains médicaments, ou encore l’incitation à la marche et à la lutte contre les troubles de l’équilibre. L’évaluation des résultats (2004-2006), exprimés pour 1000 patients-années a pris en compte : 1) les lésions graves consécutives aux chutes, qu’il s’agisse des fractures, notamment celles de la hanche, les traumatismes crâniens, ou encore les dislocations articulaires ; 2) la nécessité de soins médicaux plus ou moins complexes.

A l’état basal, la fréquence des lésions graves provoquées par les chutes a été estimée (pour 1000 sujets-années) à 31,2 dans la région de référence et à 31,9 dans la région des interventions. Au cours de la phase d’évaluation, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 31,4 et 28,6, soit un odds ratio ajusté (ORA) de 0,91. Entre l’état basal et la période d’évaluation, la fréquence du recours à des soins médicaux, en rapport avec les chutes, est passée de 68,1 à 83,3 pour 1000 sujets-années dans la région de référence, versus 70,7 à 74,2 dans l’autre région, soit un ORA de 0,89. Ces résultats plaident en faveur des interventions visant à prévenir les chutes du sujet âgé, tout au moins celles qui ont été validées par des essais randomisés.

Ces mesures simples et pragmatiques n’en imposent pas moins une modification en profondeur des habitudes des médecins et des autres soignants, impliqués dans la prise en charge des patients âgés. 

Dr Peter Stratford

Référence
Tinetti ME et coll. : Effect of Dissemination of Evidence in Reducing Injuries from Falls. New Engl J Med 2008 ; 359 : 252-261.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article