Les sujets étudiés faisaient partie d’une population d’enfants nés en 1981-83 dans une maternité universitaire. La cohorte initiale comprenait 7 223 singletons. Les paramètres socio-économiques et d’éducation des mères ont été enregistrés à la naissance et les enfants suivis de façon prospective. A 5 ans, des questionnaires concernant le langage étaient disponibles pour 5 237 d’entre eux (72,3 %). Le niveau de langage a été évalué sur sa compréhension et l’élocution (bégaiement) rapporté par la mère, complété par un test de vocabulaire d’après des dessins pour 2 509 enfants. Le comportement a été apprécié sur une échelle standard. A l’âge de 21 ans, 3 193 ont rempli des questionnaires standardisés comportant 114 items sur l’insertion sociale, les problèmes émotionnels et de comportement. Le niveau d’éducation a été classé en 4 groupes : études secondaires non terminées, achevées mais pas au-delà, formation ultérieure en 2 groupes selon le niveau atteint. Ceux en formation universitaire ont été comparés à leurs pairs sans troubles du langage, grâce à un score final de 1 à 25 attribué à tout étudiant.
Les participants qui avaient des problèmes de langage à 5 ans, parfois ou souvent, avaient plus de risques (p<0,01) de ne pas avoir achevé le cycle secondaire, de ne pas atteindre l’enseignement professionnel ou les meilleurs scores universitaires (p<0,001). En revanche, il n’a pas été révélé d’association significative entre santé mentale et trouble du langage. En analyse de régression multiple, ces constatations demeuraient une fois ajustées pour le niveau socio-économique, l’éducation des parents et la santé mentale de la mère.
En conclusion, la constatation par la mère de troubles du langage à 5 ans est un indice prédisant une scolarité moins élevée mais pas de problèmes de santé mentale.
Pr Jean-Jacques Baudon