
Le pronostic du carcinome à cellules rénales reste étroitement associé au stade de la tumeur au moment du diagnostic. La survie à 5 ans passe de 53 % pour les tumeurs loco-régionales (stade III) à 8 % pour le stade métastatique. Pour environ 16 % des patients le diagnostic est fait au stade loco-régional et parmi ceux-ci, 40 % rechuteront, avec des métastases, après néphrectomie. Le risque de rechute peut être évalué par des échelles validées, et il pourrait donc être envisagé de prévenir ce risque par une chimiothérapie adjuvante. L’efficacité des traitements anti-angiogéniques sur les tumeurs métastatiques a permis leur évaluation dans le cadre d’une chimiothérapie adjuvante. Le résultat n’a toutefois pas été concluant dans l’étude de phase III (ASSURE) qui concernait l’utilisation du sunitinib et du sorafénib chez des patients atteints de carcinome à cellules rénales à un stade localement avancé.
Une équipe bordelaise publie les résultats d’une nouvelle étude, essai randomisé, contre placebo, de phase 3, évaluant l’efficacité du sunitinib en chimiothérapie adjuvante, mais cette fois chez des patients présentant un carcinome rénal à cellules claires de stade loco-régional et à haut risque de récurrence après néphrectomie. Le risque était évalué par les échelles UISSS (University of California Los Angeles Integrated Staging System) et SSIGN (stage, state, size, grade and necrosis score).
Survie sans récidive supérieure avec une chimiothérapie adjuvante par sunitinib
Au total 615 patients ont été inclus. Les uns recevaient le
sunitinib, à la dose quotidienne de 50 mg par séquences de 4
semaines suivies de 2 semaines sans traitement, pendant 1 an. Les
autres recevaient un placebo.
Les résultats semblent prometteurs, puisque la survie sans récidive
est supérieure pour les patients sous sunitinib (6,8 ans, vs 5,6
ans ; Hazard Ratio 0,76 ; intervalle de confiance à 95 % 0,59 à 0,
98). Les courbes de survie se séparent rapidement et restent
bien distinctes pendant toute l’étude. Les données de survie
totale n’étaient pas encore disponibles au moment de la publication
des résultats.
Mais des effets indésirables
Cette efficacité se fait toutefois au prix d’effets indésirables et d’une altération de la qualité de vie des patients (différence de 10 à 20 points sur les échelles de qualité de vie). Les effets indésirables ont conduit à la réduction des doses chez 34 % des patients (contre 2 % pour le placebo) et à l’arrêt du traitement pour 28 % (contre 5,6 %). Les effets indésirables de grade 3 et 4 sont plus fréquents chez les patients sous sunitinib (48,4 % et 12,1 % vs 15,8 et 3,6 %). Il s’agit principalement de toxicité dermatologique (éryhtrodysesthésie palmo-plantaire), d’hypertension et de fatigue. L’incidence des effets indésirables sévères est sensiblement identique dans les deux groupes (21,9 % vs 17,1 %) et aucun décès n’a pu être imputé au traitement.
Dr Roseline Péluchon