
Le Quantitative sensory testing, une méthode de diagnostic plus performante
L’examen neurologique complété par l’étude de la vitesse de conduction nerveuse représente le plus souvent les investigations de base dans la pratique médicale courante. Un outil plus performant dit QST (quantitative sensory testing) peut être utilisé pour leur détection sous deux formes : un protocole bref (short-QST) permettant l’étude des petites fibres nerveuses ou complet (long-QST dit aussi QST-battery) donnant accès à l’ensemble de ces dernières. Cette approche permet une exploration fine, quantitative et objective des troubles de la sensibilité superficielle, thermo-algique et profonde au moyen de stimuli calibrés. Elle est couramment utilisée en Allemagne en accord avec les règles et modalités définies par le German Research Network on Neuropathic Pain protocol. Ses performances ont été évaluées chez 136 patients dont 108 atteints d’un diabète de type 2 et 28 d’un prédiabète. Le QST a été comparé sous ses deux formes aux méthodes d’évaluation courantes de la neuropathie, telles le score des déficits neurologiques (SDN), le score des symptômes neurologiques (SSN) et la vitesse de conduction nerveuse.Une prévalence qui pourrait atteindre 95 % dans le diabète de type 2 !
Le QST complet a conduit à une prévalence de la neuropathie de
71 % en cas de prédiabète, versus … 95 % en cas de diabète
de type 2. Pour sa part, le SDN avait donné des valeurs bien plus
faibles, respectivement 11 % et 63 %. La VCN aurait abouti à passer
à côté de 58 % des cas de neuropathies. L’atteinte des fibres
petites et moyennes s’est avérée similaire dans les deux groupes en
termes de prévalence. En revanche, l’atteinte des grosses fibres
est apparue plus fréquente dans le diabète de type 2 (p < 0,01).
Une perte fonctionnelle complète affectant toutes les fibres et
témoignant d’une neuropathie profonde a été constatée chez 26 % des
patients atteints d’un diabète de type 2 versus 11 % en cas
de prédiabète (p<0,05). L’hyperalgésie s’est avérée un peu plus
fréquente au cours du prédiabète, soit 57 % vs 43 % (NS).
Cependant, seul le SSN a été significativement associé aux déficits
concernant les grosses fibres. Les analyses par régression
logistique multiple ont permis d’identifier deux variables
indépendantes significativement associées à la neuropathie : l’âge
(Odds ratio OR = 1,14 [intervalle de confiance à 95 % IC95%,
1,05/1,24]) d’une part, l’albuminurie (OR 12,8 [IC95% 1,52/107,3]),
d’autre part.
Dr Philippe Tellier