
Il s’agit d’un enfant de 7 ans souffrant d’une EBJ généralisée au pronostic léthal à court terme. Les chirurgiens qui le soignaient au Centre de brûlés de Bochum ont fait appel au Centre de médecine régénérative de l’Université de Modène (Pr Michele de Luca), qui travaille depuis plusieurs années sur les cultures de cellules souches épidermiques. A partir d’un prélèvement de 4 cm² de peau, les chercheurs ont corrigé l’anomalie génétique des kératinocytes en leur apportant le gène LAMB3 manquant à l’aide d’un vecteur rétroviral. Ils ont pu préparer en quelques semaines 8 500 cm² d’épiderme transgénique, ce qui a permis de recouvrir la quasi-totalité de la surface cutanée de l’enfant. L’épiderme greffé s’est avéré de bonne qualité, avec une bonne cohésion dermo-épidermique, l’absence de fragilité, de bulles ou d’érosions, avec un recul de 21 mois ; l’enfant a pu reprendre une vie normale.
Épiderme totalement reconstitué 8 mois après les greffes
Les chercheurs ont vérifié que l’intégration virale s’est faite sans sélection clonale ni risque de prolifération potentiellement cancéreuse, ce qui est une importante préoccupation éthique et réglementaire concernant les greffes de cellules souches. La plupart des intégrations ont eu lieu dans des séquences non codantes, ou des gènes non impliqués dans les cancers ; le transgène n’a pas non plus suscité d’auto-anticorps. Ils montrent également que 8 mois après les greffes, la totalité de l’épiderme de l’enfant a été reconstituée à partir des holoclones de cellules souches, ce qui apporte une donnée nouvelle à la biologie du renouvellement épidermique. Cette réussite de la thérapie cellulaire ex vivo et de la thérapie génique permet d’envisager des applications à de nombreuses génodermatoses, d’autant que certaines mutations devraient pouvoir être réparées par les nouvelles techniques de correction génétique.Dr Daniel Wallach