
Soyons sérieux Monsieur Montagnier
Pouvait-on compter cependant sur quelques soldats pour défendre la vaccination. Sur d’illustres pasteuriens, totalement acquis à la cause scientifique. Non, ces soldats, qui déjà en 2009 tenaient des discours ambigus, font aujourd’hui clairement partie de ceux qui mènent les troupes de l’anti-vaccination comme nous avons pu le constater ce 7 novembre : le professeur Luc Montagnier était la vedette d’une conférence débat au théâtre des Mathurins où il se faisait le porte-parole des thèses les plus surréalistes sur les dangers supposés de la vaccination. Face à ces discours désolants, le professeur Marc Gentilini, celui qui il y a sept ans avait pressenti l’émergence d’une tendance délétère (mais qui probablement ne pouvait se douter que celle-ci serait renforcée par des hérauts aussi singuliers), ne mâche pas ses mots. Dans le Quotidien du médecin, il parle d’une « dérive pathétique » avant d’ajouter que le Prix Nobel, qui a été accordé à Luc Montagnier pour ses travaux sur le VIH, ne « l’autorise pas à dire n’importe quoi sur n’importe quel sujet ». Les propos de Luc Montagnier relayant des « relations temporelles » entre vaccination et mort subite du nourrisson, en se référant notamment au cas d’un (!) enfant américain, font bondir le pédiatre. « Soyons sérieux, M. Montagnier, un lien temporel sans relation de cause à effet établie, n’est pas un argument scientifique. Vous n’avez pas le droit avec le titre que vous portez, d’affoler impunément des jeunes parents dans un domaine dans lequel vous être incompétent » assène le professeur Gentilini.Sanction contre un académicien ?
De la même manière que le professeur Henri Joyeux a été radié par l’Ordre (décision qui fait l’objet d’un appel) en raison de ses propos dangereux sur la vaccination, le professeur Gentilini estime que devraient être envisagées des sanctions face aux prises de position de Luc Montagnier. Il précise ainsi au Quotidien du Médecin qu’il « souhaite que l’Académie de médecine rappelle à l’ordre le Pr Montagnier, membre titulaire depuis 1989 ». Le discours du Prix Nobel est en effet en totale contradiction avec les choix de l’Académie, depuis toujours engagée en faveur de la vaccination et qui a soutenu à travers plusieurs communiqués cette année l’extension de l’obligation vaccinale qui entrera en vigueur au mois de juin pour tous les enfants nés à partir du 1er janvier.Aurélie Haroche