Un peu d’alcool, c’est mieux que rien (pour la démence !)
La consommation modérée d’alcool a été associée à une réduction du
risque de démence. L’association de l’alcool et de l’évolution des
fonctions cognitives suit une courbe en J ou en U, avec un effet
nocif à la fois de l’abstinence et d’une consommation excessive.
Les preuves de cette association ne sont toutefois pas très
robustes. La plupart des études consacrées à ce sujet prennent en
compte la consommation d’alcool à un âge avancé, ce qui ne reflète
pas forcément les habitudes de consommation tout au long de la vie
et peut constituer un sérieux biais de sélection.
Le British Medical Journal publie les résultats d’une étude
longitudinale de cohorte incluant plus de 9 000 individus âgés de
35 à 55 ans et suivis pendant 23 ans en moyenne. L’originalité de
l’étude tient à l’évaluation de la consommation d’alcool au moyen
de plusieurs indicateurs : une moyenne de 3 relevés réalisés entre
1985-88 et 1991-93, avec 3 catégories de consommation définies :
abstinence, 1 à 14 unités par semaine et plus de 14 unités par
semaine. Etait évaluée aussi la trajectoire de la consommation
pendant 17 ans, avec 5 relevés entre 1985/88 et 2002/04. Le
questionnaire CAGE attestait de la dépendance à l’alcool en 1991/93
et enfin était notées les hospitalisations en lien avec une
pathologie chronique liée à l’alcool, en 1991 et 2017.
Pendant le suivi, 397 cas de démences ont été diagnostiqués.
Les diverses approches donnent des résultats convergents pour 3
constats.
Le premier est que le risque de démence est supérieur de 47 %
chez ceux qui sont abstinents vers la quarantaine par rapport à une
consommation entre 1 et 14 unités par semaine. La trajectoire de la
consommation d’alcool entre la quarantaine et le début de l’âge
avancé confirme cette donnée, à la fois pour les abstinents à long
terme et pour ceux qui ont réduit leur consommation à cette
période.
Le deuxième constat est qu’en revanche, une consommation >
14 unités par semaine augmente le risque de démence de façon
linéaire. Une augmentation du risque qui est évidente quand la
consommation est confirmée à 50, 60 et 70 ans. Les données
utilisant les hospitalisations pour maladie chronique liée à
l’alcool montrent un risque multiplié par 4 de démence, confirmant
le rôle neurotoxique d’une consommation supérieure 14 unités par
semaine.
Enfin, le troisième constat de cette étude est que la part de
l’excès de risque chez les abstinents vers la quarantaine est
attribuable à l’augmentation du risque de pathologies
cardio-métaboliques.
Ces résultats suggèrent que l’abstinence et la consommation
excessive d’alcool sont bien toutes deux associées à une
augmentation du risque de démence, avec un mécanisme sous-jacent
différent dans les 2 groupes. Aucune preuve n’est retrouvée d’une
augmentation du risque de démence pour une consommation entre 1 et
14 unités par semaine.
Une étude pour rien... encore une! La consommation "modérée" d'alcool est difficile à apprécier, ce d'autant plus que la quantité absorbée repose sur les données apportées par le patient...le facteur alcool est probablement peu significatif en matière de démence, comme le tabac pour l'Alzheimer (des études ont prouvé que les fumeurs étaient moins atteints...) et bien d'autres facteurs qu'on essaie d'incriminer à tout prix...
A. Wilk
Sauver le soldat alcool !
Le 08 août 2018
Le malheur de l’homme, en matière d’investigation, est qu’il n’est pas une souris et qu’on ne peut le soumettre à la méthode expérimentale. Les sujets observés ont défini eux-mêmes leur consommation. En outre une petite consommation pour certains est déjà importante pour d’autres et les compétences biologiques ne sont pas étudiées. Enfin, et surtout, on peut s’interroger sur la motivation des auteurs de vouloir absolument « sauver le soldat alcool », qui est quand même un produit toxique, tératogène, cancérogène et addictif.
Dr A. Fourmaintraux
Unité de consommation
Le 13 août 2018
Peut-on nous rappeler la définition de l'unité de consommation avec quel alcool ?