L’IRA, un facteur de mauvais pronostic en chirurgie d’urgence
La chirurgie d’urgence (CU) pratiquée sur des patients affaiblis et
non préparés, dans des conditions souvent non optimales et souvent
la nuit, est associée à une mortalité 6 à 8 fois supérieure à celle
d’interventions similaires pratiquées à froid. Les complications
sont également plus fréquentes.
Parmi celles-ci, l’insuffisance rénale aiguë (IRA), qui
accompagne volontiers les maladies graves, et est un des
éléments de la défaillance polyviscérale, conduit à une mortalité
accrue. Des auteurs de Boston ont cherché à démontrer que le risque
d’IRA était majoré en cas de CU.
Pour ce faire, ils ont repris les dossiers des patients admis
en soins intensifs entre 1997 et 2012 dans 2 hôpitaux et identifié
ceux qui avaient bénéficié d’une intervention abdominale en urgence
parmi les 7 plus fréquentes : appendicectomies, cholécystectomies,
occlusions sans résection, laparotomies d’exploration, colectomies,
complications des ulcères duodénaux, résections du grêle.
Une complication plus fréquente
L’IRA, 1er critère de jugement, a été
définie et classée (en 3 stades) en fonction des chiffres de la
créatinine, comparés aux chiffres préopératoires, selon que ceux-ci
étaient multipliés par 1,5 (classe I), par 2 (classe II) ou par 3
(classe III). Le 2ème critère de jugement a
été la mortalité globale à 90 j. Le suivi est d’au moins un an.
Les patients souffrant d’une insuffisance rénale chronique connue
et ceux dont l’état ne s’est dégradé que > 48 h après
l’hospitalisation ont été exclus.
Au total sur 59 604 patients (59 % hommes, 78 % Blancs) admis
en soins intensifs pendant la période considérée, 1 758 (2,9 %)
avaient bénéficié d’une CU. Le risque d’IRA apparaît
significativement accru chez ces malades ayant eu une CU (Odds
Ratio ajusté : 1,7 ; intervalle de confiance à 95 % : 1,40 – 1,94 ;
p<0,001) et le besoin d’épuration extrarénale (EER) est
également augmenté (OR 1,8 ; IC 1,37-2,46, P < 0,001). Ces
patients opérés en urgence et ayant développé une IRA ont par
ailleurs une mortalité à 90 jours multipliée par trois et un besoin
d’EER multiplié par 4,5 par rapport aux patients qui n’ont pas
développé d’IRA.
La chirurgie d’urgence augmente donc le risque de défaillance
rénale aiguë, qui à son tour augmente celui de décès.
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