
Les personnes âgées sont l’une des principales cibles des campagnes de vaccination contre la grippe. La protection que le vaccin leur assure est toutefois loin d’être optimale, et l’efficacité du vaccin est régulièrement inférieure à 50 %. Il est souvent prétendu que le fait d’être vacciné réduit la gravité des symptômes pour les personnes atteintes malgré la vaccination. Il s’agit d’une opinion très répandue, mais peu d’études ont été consacrées à cette question.
Une équipe française publie les résultats d’une analyse des données du réseau de surveillance GROG (Groupes Régionaux d’Observation de la Grippe), créé en 1984 et supprimé après la saison grippale 2013-2014. Au total 2 277 personnes âgées de plus de 65 ans, parmi lesquelles 1 293 vaccinées (56,8 %) ont été incluses. Ces patients consultaient leur médecin généraliste pour une infection respiratoire aiguë. Un prélèvement naso-pharyngé était réalisé et testé pour les virus respiratoires. L’objectif de l’étude était de comparer les symptômes en cas de grippe, selon que les personnes avaient ou non été vaccinées.
Au total 675 patients ont été testés positifs pour le virus de la grippe, principalement le virus A(H3), à l’origine de 55,1 % des cas, puis le virus B (22,9 %), A de sous type non précisé (11,7 %) et enfin le virus A(H1), responsable de 10,3 % des cas.
Des différences de symptomatologie loin d’être spectaculaires
Les patients qui présentent une grippe malgré la vaccination ont en effet une présentation clinique un peu moins sévère que ceux qui ne sont pas vaccinés. Mais force est de constater que les différences sont loin d’être spectaculaires. Il s’agit en effet d’une température maximum inférieure de 0,1° en moyenne (38,9° vs 39°), de myalgies moins fréquentes (72,4 % vs 80,3 %), comme le sont les frissons (64,3 % vs 72,9 %) et les céphalées (61,7 % vs 70,9 %). Précisons toutefois qu’en analyse stratifiée, cet effet est limité aux patients atteints par le virusA(H3) et les virus du groupe B. Enfin, après ajustement pour l’âge, le sous-type viral et la saison grippale, la différence ne reste significative que pour les céphalées, moins fréquentes chez les personnes vaccinées (Odds ratio 0,69 ; intervalle de confiance à 95 % 0,48 à 0,98).
Au-delà de la sévère rectification que fournit cette étude à l’assertion largement répandue d’un effet « atténuateur » de la vaccination en cas de grippe, ce travail souligne une nouvelle fois l’intérêt des recherches en cours visant à améliorer la protection vaccinale des personnes âgées.
Dr Roseline Péluchon