Sevrage tabagique : la cigarette électronique fait mieux que les substituts nicotiniques !
Face au tabagisme chronique qui sévit à l’échelon mondial, les
moyens restent limités, tout au moins ceux qui conduisent à l’arrêt
total de l’intoxication sans la moindre rechute à long terme. Le
soutien psychologique au travers d’une forme de coaching est
essentiel, mais à lui seul, il n’apporte que de bien maigres
résultats. Force est de se tourner vers des méthodes
complémentaires et c’est là que va intervenir la pharmacothérapie
au travers notamment des substituts nicotiniques qui entrent
quelque peu en concurrence avec la cigarette électronique. Cette
dernière est recommandée dans certains pays dans la lutte contre le
tabagisme, mais aux États-Unis, la FDA ne lui pas accordé son
agrément, ce qui n’empêche pas les citoyens de ce pays d’y recourir
pour échapper à une addiction dont la prévalence dépasse 25 % dans
certains groupes à haut risque. Au passage, la FDA a accordé ses
faveurs aux substituts nicotiniques qui ont bénéficié d’une
attitude similaire dans de nombreux pays européens dont la France.
Un essai randomisé publié dans le New England Journal of
Medicine pourrait inciter la FDA à changer de
stratégie.
Une étude randomisée
L’étude contrôlée en question a été menée dans le cadre du NHS
(National Health Service), plus précisément des services
chargés de la lutte contre le tabagisme. Elle a inclus 886
participants désireux de mettre un terme à leur addiction. Deux
groupes ont été constitués par tirage au sort : dans l’un, ce sont
les substituts nicotiniques -laissés au choix du patient, les
associations étant également autorisées — qui ont été administrés ;
dans l’autre, c’est la cigarette électronique qui a été fournie
sous la forme d’un pack de démarrage, dite de seconde génération,
rechargeable, accompagnée d’un flacon de liquide de vapotage
enrichi en nicotine (18 mg par ml), le participant étant incité à
poursuivre le traitement, une fois le premier flacon épuisé, en
utilisant les liquides de leur choix, avec un arôme et un taux de
nicotine laissés à leur appréciation.
En plus de ces traitements, a été instauré un soutien
comportemental hebdomadaire pendant au moins quatre semaines. Le
critère de jugement principal était une abstinence tabagique
maintenue pendant une année. Les participants perdus de vue ou ceux
qui n’ont pas bénéficié de la validation biochimique de la
consultation finale (dosage du CO dans le gaz expiré) ont été
classés parmi les non abstinents. Les critères secondaires ont
inclus le recours aux substituts nicotiniques ou à la cigarette
électronique, tel qu’il a été rapporté par les patients eux-mêmes.
La fréquence des symptômes respiratoires au début et à la fin de
l’étude a été également prise en compte.
Presque deux fois plus d’abstinents à un an
La comparaison intergroupe au terme de l’essai est en faveur
de la cigarette électronique qui a permis d’atteindre un taux
d’abstinence de 18,0, versus 9,9 % dans l’autre groupe, ce qui
conduit à un risque relatif de 1,83 (intervalle de confiance à 95
%, [IC], 1,30 à 2,58 ; p < 0,001). Parmi les participants
abstinents à un an, ceux qui avaient recours à la cigarette
électronique à la 52ème semaine étaient
plus nombreux que ceux usant encore des substituts
nicotiniques, soit 80 % [63/79] versus 9 % [4/44]). Globalement,
les signes d’irritation oro-pharyngée ont été rapportés un peu plus
fréquemment avec la cigarette électronique (65,3 % vs 51,2 %
dans le groupe substituts), à l’inverse des nausées un peu plus
fréquentes avec les substituts (37,9 % vs 31,3 % dans le
groupe e-cigarette). La fréquence de la toux et de l’expectoration
entre l’état basal et la 52ème semaine de l’étude a un peu plus
diminué dans le groupe e-cigarette versus l’autre groupe, le risque
relatif pour la toux étant de 0,80 (IC, 0,60 à 0,90) et pour
l’expectoration de 0,70 (IC, 0,60 à 0,90). Pour ce qui est du
souffle et du wheezing, aucune différence intergroupe n’a été mise
en évidence.
Cet essai randomisé est le premier à démontrer que la cigarette
électronique est plus efficace que les substituts nicotiniques pour
atteindre une abstinence tabagique maintenue sur le long terme. Un
peu moins d’un fumeur sur cinq échappe à l’addiction avec cette
cigarette et un peu moins d’un sur dix avec les substituts, ce qui
incite à un triomphe modeste mais indéniable. A noter que les deux
traitements ont été accompagnés par un soutien psychocomportemental
hebdomadaire au moins pendant les 4 premières semaines de l’essai.
Par ailleurs, la cigarette électronique chez les abstinents était
encore consommée par 80 % des participants à la fin de l’étude, ce
qui n’était le cas que de 9 % des utilisateurs des substituts
nicotiniques de sorte que l’on peut se demander si l’addiction à la
cigarette n’a pas été remplacée par une addition à la e-cigarette…
Enfin, la tolérance à long terme de la e-cigarette mérite d’être
précisée, même si elle n’a rien à voir avec les effets mortifères
de la cigarette conventionnelle (2).
A cet égard, se posent d’autres questions (2) : (a) la
cigarette électronique peut- elle être utilisée en première
intention dans l’aide au sevrage tabagique ? La réponse varie d’un
pays à l’autre ; (b) quelle est la durée optimale du traitement ;
(3) quels sont ses effets chez les patients à haut risque,
notamment ceux atteints d’une BPCO ou d’un asthme ? Il en est
d’autres, par exemple le rôle des arômes dans les liquides de
vapotage, lesquels ne sont guère appréciés outre-Atlantique, un
éditorial (3) du NEJM signé par trois experts… appelant à leur
bannissement par la FDA : là encore, le consensus fait défaut et le
débat est ouvert sur l’innocuité de ces substances chimiques à long
terme.
Réduire la consommation compulsive de tabac aux seuls propriétés addictives de la nicotine fera certainement bien rire nos descendants.
Ne pas tenir compte de l'effet de mode du tabagisme - en grosse dégringolade dans nos pays -est une erreur majeure.
Si l'aide psychologique ne marche pas, ou mal, c'est la psychologie elle-même qui est à revoir. Depuis le début du XXème siècle, bien des choses ont évolué dans nos esprits !
Dr François-Marie Michaut
Le besoin d'avoir un objet à porter à la bouche
Le 05 février 2019
J'ai moi même, et autour de moi 4 autres personnes, comprenant deux medecins et deux infirmieres,apres avoir essaye divers substituts nicotiniques,testé la ecigarette. Sur cinq, nous sommes 4 à avoir cessé de fumer des cigarettes ou reduit considerablement le nombre de cigarettes fumées,et adopté la ecigarette sur le long terme. Je vous parle d'une experience de plus de quatre ans.
Personne ne prend jamais en compte le besoin d'avoir un objet à porter à la bouche,"le geste" comme diraient les specialistes,qui est une addiction en elle même.
La ecigarette y repond tres bien.
Je n'ai jamais compris la position francaise sur le sujet.Par ailleurs,sur le point de vue des relations, la ecigarette est tout à fait acceptee par les non fumeurs qui sont la majorité de l'environnement de nous 5,cela a aidé beaucoup également à ce changement,la cigarette elle,etant rejetée et excluante de l'espace social.
Je reconnais tout à fait que nous ne savons pas grand chose sur les effets à long terme, par contre nous connaisson tres bien ceux de la cigarette.