Stockholm, le mardi 1er octobre - La circoncision est au cœur de la polémique en Suède. Dans une tribune publiée dans le quotidien Dagens Nyheter, le « défenseur des enfants » Fredrik Malmberg, s'est prononcé pour l’interdiction de la circoncision des mineurs.
Dans sa tribune il évoque un acte « contraire à la Convention internationale des droits de l'enfant » et une « opération douloureuse, irréversible et pouvant entraîner de graves complications ». Pour lui, seul un motif sanitaire peut justifier une circoncision : « circoncire un enfant sans justification médicale ni son consentement enfreint les droits humains de cet enfant », se référant ainsi à l'article 24 de la Convention internationale des droits de l'enfant qui prévoit que soient mises en œuvre « toutes les mesures efficaces appropriées en vue d'abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants ».
Des parlementaires veulent couper court à la circoncision
Cet éditorial du défenseur des enfants intervient alors que deux députés à droite de l’échiquier politique suédois ont déposé une proposition de loi prévoyant de prohiber la circoncision avant l’âge de 18 ans.
Ils ont tenu à préciser qu’il s’agit d’une nouvelle étape après l’interdiction des mutilations génitales féminines.
Le rabbin Pinchas Goldschmidt, président de la Conférence européenne des rabbins, a réagit : « la proposition révèle une ignorance dangereuse de ce qui est impliqué dans la pratique de la circoncision par rapport à la pratique abominable des mutilations génitales féminines ».
La loi suédoise avait déjà réglementé la circoncision en 2001. Elle prévoit qu’on ne peut circoncire un enfant pour raison religieuse au delà de l’âge de deux mois et que ce rituel ne peut s’accomplir sans la délivrance d’une analgésie ad hoc par un médecin ou infirmier.
Quid du reste de l’Europe ?
Cette controverse rappelle celle qu’avait connue l’Allemagne en 2012. Un tribunal de Cologne avait assimilé la circoncision à des « coups et blessures ». Le Parlement avait finalement adopté une loi autorisant officiellement cette pratique pour des motifs religieux.
En France, seule une association, "Droit au Corps", milite activement contre cette "mutilation sexuelle". En 2011, un rapport de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) avait proposé une sorte de ‘protocole de circoncision médicalement assisté’ : « elle n'est à envisager qu'après 3 mois (hors urgence), et nécessite une bonne prise en charge analgésique pour éviter le risque de mémorisation de la douleur ».
Ce débat risque de ne pas être clos de sitôt : rappelons en effet que vers l’an 130 de notre ère l’empereur Hadrien avait interdit la circoncision, sous peine de mort.
FH